De quoi sont décédés le petit Mocto Youdom Josais Othniel, quatre ans, et sa sœur ainée Mbateng Youdom Gloire Divine, âgée de seulement huit ans ? Il est difficile pour l’heure de déterminer la cause exacte de la disparition soudaine des deux enfants d’une même famille résidant au lieu-dit Cocotier, au quartier Bépanda, dans l’arrondissement de Douala 5ème. Toutefois, les fins limiers de la Division régionale de la Police judiciaire du Littoral (DRP/L), ainsi que la brigade territoriale de gendarmerie de Bépanda, qui ont ouvert une enquête pour faire toute la lumière dans cette affaire, n’écartent pas l’hypothèse de l’empoisonnement des deux enfants.
Tant les choses sont allées très vite. S’agit-il vraiment d’un empoisonnement ou d’une intoxication alimentaire ayant viré au drame ? Seule l’enquête édifiera sur cette question. Le drame s’est produit fin août 2024. Le père des deux enfants, Guy-Merlin Youdom tient son petit commerce au rez-de-chaussée de la maison d’habitation R+1 où il vit avec sa famille. Guy-Merlin vend de la banane pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille nucléaire.
De la banane malaxée au menu du déjeuner
Ce jour-là, le jeune chef de famille monte à l’étage aux environs de 14 heures pour prendre son repas. Au menu, la banane « malaxée » concoctée depuis la veille, puis réchauffée par sa propre fille, âgée de treize ans, et par ailleurs l’aînée des deux disparus.
Pendant que je mangeais, un autre plat était posé sur la table. On m’a dit que c’était la nourriture du petit, mon fils Josais. Bon, dès que j’ai fini de manger, je regardais la télé. Après ça, on m’a appelé pour servir un client au rez-de-chaussée,
raconte Guy-Merlin Youdom, père de trois enfants.
Mais à peine a-t-il servi le client que le commerçant est à nouveau sollicité dans son salon à l’étage. C’est l’une de ses filles qui vient de l’interpeller.
Dès que je descends pour servir le client, la petite Abigaël descend à son tour, elle m’appelle et me dit que son petit frère Josais pleure et se plaint du mal de ventre, il est en train de vomir,
raconte-t-il.
Une fois dans son salon, sieur Youdom trouve son fils Josais allongé, se tortillant et les larmes aux yeux. L’enfant bave et respire avec beaucoup de peine. Confus, le chef de famille conduit rapidement son fils d’abord dans un centre de santé non loin de sa résidence mais, ici, ils sont aussitôt référés dans une formation hospitalière aux plus larges compétences.
Il pleurait seulement, après il a commencé à ronfler. Je lui ai demandé s’il avait avalé quelque chose ? Il n’a pas répondu. Il se sentait toujours fatigué. J’ai même voulu le faire asseoir, mais il m’a dit qu’il était fatigué et m’a demandé de le porter. Je l’ai porté. Je l’ai ensuite amené dans un centre de santé ici (au quartier). L’enfant bavait déjà. Ils ont essayé de nettoyer la salive, puis ils m’ont demandé de l’amener ailleurs. Je l’ai donc amené à l’hôpital général. Il n’y est pas arrivé, il est décédé en cours de route,
ajoute-t-il.
C’est ainsi que Guy-Merlin transporte donc son garçon pour l’hôpital général. Mal lui en prend, le patient rend l’âme en mi-chemin.
Les deux dépouilles sous scellés et les récipients soumis aux analyses scientifiques
Alors que le père se croit au bout de ses peines, son téléphone sonne. Cette fois, c’est la grande sœur de Josais qui se plaint des douleurs abdominales. La tante de la fillette, c’est-à-dire la sœur aînée de Guy-Merlin, administre rapidement un bain à l’enfant et la transporte à son tour pour l’hôpital Général de Douala.
Comme la fillette a eu un accident, elle prenait des comprimés. Ma grande sœur lui donné quelques comprimés. (…) Elle l’a lavée et l’a amenée aussi à l’hôpital général. Arrivée en route, elle meurt,
raconte le père des enfants défunts.
Guy-Merlin Youdom ne se souvient pas de quelconques démêlés, ni avec son entourage, ni avec d’autres tierces personnes ces derniers temps. Il ajoute que la maison où il vit n’est pas un immeuble de location. Il ne côtoie donc pas de voisins au sens de la promiscuité. Par ailleurs, mentionne-t-il, ses enfants défunts, quand ils devaient se distraire, ils n’allaient pas plus loin que le rez-de-chaussée du bâtiment, après quoi ils retournaient à l’étage. La police judiciaire a procédé aux scellés des dépouilles, le temps de finaliser ses enquêtes avec plus de célérité. La brigade de gendarmerie de Bépanda, quant à elle, a emporté les ustensiles, et notamment, la marmite ayant servi à la cuisson de la nourriture, ainsi que les plats dans lesquels les enfants ont été servis.
Un cas « d’empoisonnement » présumé parmi tant d’autres
Ces dernières semaines, les suspicions d’empoisonnement sont devenues légion au sein de nos communautés. Pas seulement à Douala. Trois jours avant le drame ayant coûté la vie à Josais et à sa sœur, six autres personnes ont perdu la vie dans l’arrondissement de Dimako, dans la région de l’Est, après avoir mangé une nourriture suspecte. Un autre drame similaire, survenu le 19 février 2024 à Yaoundé, dans la capitale politique camerounaise, avait arraché à la vie trois personnes qui venaient de consommer du « macabo rapé » vendu dans la rue. Le drame de Josais et sa sœur Gloire Divine est donc le troisième cas signalé en l’espace de seulement six mois.