Dans son message à la jeunesse du 10 février 2025, le Chef de l’Etat du Cameroun, Paul Biya a cité en exemples Tata Bakary et Samuel Tony Obam Bikoué, en raison de leur engagement dans le domaine du développement communautaire et de l’entrepreneuriat social. Samuel Tony Obam Bikoué est un acteur et négociant dans la filière banane plantain au Cameroun, originaire du département de l’Océan, région du Sud. Il est connu pour être l’initiateur du Festival International de la banane plantain. Ce festival permet de présenter le potentiel et les acquis de la filière au Cameroun, tout en promouvant sa croissance. Il est également à la tête de la Fédération des professionnels de banane plantain dont l’objectif est d’atteindre une production de 10 000 tonnes à l’horizon 2030. En 2024, il reçoit le Grand Prix « Agri-d’Afrique » et le prix de l’Excellence managériale, 2023 décerné respectivement par les Awards de l’Avenir et le Collectif des journalistes d’investigation du Cameroun.
Tata Bakary, fondateur de l’organisation « Les Aigles de la Colline »
Pour sa part, Tata Bakary est le fondateur de l’organisation « Les Aigles de la Colline ». Il s’agit d’une structure qui vise à promouvoir l’éducation, la formation et l’autonomisation des jeunes, en particulier dans les zones rurales et défavorisées du Cameroun. Comme de nombreux jeunes de son âge, l’enfance de Tata Bakari n’a pas été facile. Livré à lui-même dans les rues de Foumbot, dans la région de l’Ouest, en provenance d’une famille très pauvre à Kumbo, il a connu les vices et le banditisme. Pourtant, au milieu de cette adversité, une passion va naître et changer son destin : l’agriculture. Dès 1999, à l’âge de 8 ans, il se lance dans la culture du maïs, une activité qui deviendra sa bouée de sauvetage. Il possède exploitation agricole de plus de 60 hectares, dont de vastes plantations de maïs dans le département du Noun, à l’Ouest du Cameroun. Depuis plusieurs années, le jeune entrepreneur a lancé des programmes pour enseigner des compétences pratiques aux jeunes, comme l’agriculture, l’artisanat et les métiers techniques. Au quotidien, il emploie et soutient de nombreux jeunes dans ses champs de bananes plantains, haricots, riz pluvial et niébé, qui s’étendent sur plusieurs hectares. Son objectif est de former des milliers de Camerounais, qui à leur tour, forment également d’autres jeunes.
A 35 ans, Bakary croit en la capacité des jeunes à transformer leurs communautés grâce à l’éducation, la formation et l’entrepreneuriat. Grand promoteur de l’innovation, il a récemment lancé le greffage des arbres fruitiers, pour maximiser la production de ses vergers. Une étape qui a marqué une grande avancée pour lui. Le travail acharné de Tata Bakari est reconnu par ses pairs. En 2016, il est sacré
Meilleur jeune entrepreneur agricole du développement du Noun,
lors de la 3ᵉ édition de la caravane de promotion et valorisation des métiers agro-pastoraux. Il reçoit également un « Award d’excellence des transformateurs internationaux », une distinction qui souligne son engagement dans le secteur agricole.
De son côté, Tony, 42 ans, revendique une casquette de capitaine d’industrie assurant une présence dans plusieurs secteurs porteurs de l’économie nationale.
Je suis présent dans l’immobilier, dans la production des poulets. Je suis présent dans la semence, dans l’événementiel. Il y a beaucoup d’autres Camerounais qui sont capitaines d’industrie. Il suffit que vous ayez à gérer une flotte d’entreprises. Je suis un capitaine d’industrie,
a-t-il affirmé sur le plateau de l’émission Club d’Élites diffusé sur le média Vision 4.
Malgré leur casquette d’entrepreneur, Tony Obam fait l’objet de vives polémiques de la part de nombreux Camerounais, créant une sorte de controverse sur sa personne.
Notons qu’en fin d’année 2024, l’Association nationale des acteurs de la filière banane-plantain du Cameroun (FBPC), dont il est le président a organisé la troisième édition du festival international de la banane-plantain, « 3e produit le plus consommé en Afrique centrale » selon la FBPC. Un évènement qui avait bénéficié d’une subvention de l’Etat à hauteur de 100 millions de Fcfa. Après que Paul Biya l’ait cité comme exemple à suivre pour la jeunesse, Nouhou Bello, le préfet du département de l’Océan (zone dans laquelle son entreprise est implantée), dans une lettre confidentielle adressée au Minader, dresse un bilan très peu élogieux de la structure dont il est le président. Il dit notamment :
Le Centre d’incubation de la Filière Banane Plantain du Cameroun créé par Monsieur Samuel Tony Obam Bikoue à Mbébé dans l’arrondissement de Lokoundjé, semble être une organisation taillée sur mesure pour aboutir à des desseins malsains.
écrit le Préfet.
D’après l’autorité administrative, cette structure n’existe que sur du papier et n’exerce aucune activité visible sur du terrain. Des informations qui ont alimenté les suspicions chez plusieurs Camerounais, quant à la véritable personnalité de Tony OBAM. Ce qui a notamment accru des suppositions de mauvaise gestion des fonds alloués pour l’organisation du festival international de la banane-plantain.
Quoi qu’il en soit, Tony Obam, habitué aux prises de paroles publiques, et Tata Bakary, plutôt discret, demeurent des noms qui attirent beaucoup de curiosité sur la sphère camerounaise.