La nommée Marianne Mouthe est internée depuis quelques jours à l’hôpital Général de Douala, où elle se bat contre la mort. Elle souffre de graves brûlures après avoir été victime, avec quatre autres personnes, d’un incendie volontaire et criminel perpétré par l’ex-amant d’une jeune fille que son compagnon et elle hébergeaient.
Son compagnon, Pierre Leuwou, 34 ans, a rendu l’âme mercredi dernier, portant le nombre de victimes décédées à quatre. Il a rejoint dans l’au-delà, Alida, et deux enfants âgés respectivement d’un an 3 mois et 3 ans. Ils sont décédés sur le coup dans la nuit du samedi au dimanche 9 juin, où s’est produit le drame. Pierre Leuwou été admis aux urgences et en internement à l’hôpital Général de Douala au même moment que Mouthe Marianne. Tous les deux gravement brûlés.
Il faut savoir que le couple a été transporté par moyen non médicalisé. Les deux ont été victimes de brûlures vraiment graves. Pour l’un, 23% ; pour l’autre, un peu plus de 60%. Ils ont rapidement été pris en charge, avec hydratation, et tout le protocole de prise en charge. Malheureusement, le monsieur a succombé des suites des complications de la brûlure grave qu’il a présentées,
affirmait, mercredi, l’une des femmes en blouse blanche qui administraient des soins aux deux patients.
Selon le médecin, les brûlures de Marianne Mouthe, bien que moins graves que celles de son compagnon décédé, n’en sont pas moins préoccupantes.
La localisation de sa brûlure, notamment le visage, est un facteur de gravité. Donc quand une personne est brûlée au visage, ça sous-entend, en tout cas, qu’il y a eu inhalation des vapeurs de fumée, et ça peut avoir des répercussions au niveau respiratoire. C’est cette évolution-là que nous surveillons vraiment de près pour nous rassurer qu’il n’y aura pas de complication à ce niveau,
explique le médecin.
Tortures, violences conjugales et menaces de mort
L’irréparable a été commis au lieu-dit Ndogbati, dans l’arrondissement de Douala 2ème. Selon des témoignages recueillis, les cinq personnes brûlées vives étaient endormies dans une maison, où Alida avait trouvé refuge, lorsque le présumé criminel y a mis le feu, après avoir verrouillé la porte de l’extérieur au moyen de fils barbelés. Josiane Ebilike, une habitante du quartier, a accouru après avoir entendu le cri d’alerte d’une voisine qui venait d’apercevoir des flammes dans la maison où dormaient les victimes.
Quand je sors, je regarde, il y a le feu chez mon voisin le plus proche. Quand on essaie de se rapprocher, on se rend compte qu’on a scellé la porte avec les fils barbelés. Quand ils s’efforcent de frapper la porte, c’est la dame (Marianne Mouthe) qui sort d’abord, déjà avec des brûlures, et son mari suit, puisqu’il avait l’enfant entre les mains,
explique la voisine.
La jeune Alida, 22 ans, elle, ne sortira pas vivante des flammes. Tout comme les deux enfants, dont les dépouilles sont emballées dans des housses mortuaires par des sapeurs-pompiers avant d’être conduites à la morgue de l’hôpital Laquintinie. Les personnes ayant connu ou fréquenté Alida affirment qu’elle subissait en permanence la violence de la part de son ex-copain, qui n’aurait pas supporté que la jeune femme le quitte pour aller chercher la protection sous un autre toit.
Depuis six ans que cette fille est venue occuper le domicile, avec son garçon, c’était la bastonnade. Parfois, on l’enferme, on la tabasse, au point qu’il a juré que, même comme cette fille est sortie, il va mettre fin à sa vie,
déclare Josiane Ebilike.
Des violences et des menaces de mort que confirme George Oli, un autre habitant de Ndogbati, au quartier Cité Sic :
Lui, il a dit ‘‘si je te trouve dans une maison avec quelqu’un, je te tue avec tous ceux qui sont là. Je vous tue tous’’. Ce n’est pas quelque chose qu’il a dit une fois. Il l’a répétée. Donc, il était en train de suivre cette fille partout où elle allait,
affirme-t-il.
Ces menaces persistantes ont fini par convaincre Alida, orpheline de père et de mère (elle se faisait appeler un moment sous le pseudonyme de Alida), à porter plainte contre son ex-copain, le 10 mai 2024. Mais aucun des deux tourtereaux n’a déféré à la convocation du commandant de brigade, qui a transféré le dossier au parquet, a-t-on appris. Le pyromane est toujours vivement recherché par la police au moment où nous bouclions.