C’est un constat alarmant que fait l’organisme Positive-Generation. Dans un communiqué rendu public, le 24 mars dernier, jour de la célébration de la journée mondiale de la tuberculose. Positive-Generation fait savoir que sur 101 formations sanitaires observées, les résultats annuels issus du terrain montrent un total de rupture de 24 % des antituberculeux, 4 % pour les tests de crachat, 11,8 % pour le traitement préventif et 5,68 % pour le vaccin BCG. Le même rapport présente une rupture de 61,5% des REHZ entre avril et juin 2023, trimestre qui a connu le plus grand nombre de ruptures.
Ceci pénalise les patients tuberculeux, qui sont obligés de débourser de grandes sommes pour se procurer le précieux sésame. C’est le cas de Anne qui est sous traitement dans une formation sanitaire à Douala. Elle a été obligée de se procurer le médicament en pharmacie au coût de 40 000 FCFA, du fait du manque des médicaments antituberculeux dans les formations sanitaires. A cette allure, si des mesures urgentes ne sont pas prises pour résoudre ce problème d’une extrême gravité, la vie du patient sera toujours en danger.
La gratuité des médicaments antituberculeux questionnable
Une décision du ministre de la Santé publique du 29 juillet 2002 stipule que la fourniture des médicaments essentiels antituberculeux du Plan National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT) aux malades est gratuite depuis le 1er octobre 2004. Cette décision a été complétée par celle du 24 septembre 2004 en son article 5, alinéa 1. Pourtant, l’on n’arrive toujours pas à comprendre ce qui cause ces ruptures. Selon Positive Generation, en 2023, des antituberculeux à la Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux Essentiels (CENAME) ont été volés pour près d’un milliard de FCFA.
La situation est d’autant plus critique, parce que, pendant que les médicaments se font rares dans les formations sanitaires, ils sont disponibles au Marché central de Douala, dans un espace connu sous le nom de « Gazon », où les médicaments de la rue sont commercialisés. En effet, ces manquements traduisent des cas de violation grave des droits à la santé, via l’article 25 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH), et de l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC).
Pour rappel, ces ruptures à répétition interviennent au moment où l’État du Cameroun à travers son plan stratégique national 2020-2024 avec extension jusqu’en 2026 entend réduire l’incidence et les décès de 30 % par rapport à 2021, et aussi réduire à moins 10 %, la proportion des familles qui supportent des coûts catastrophiques dus à la tuberculose. Ceci devrait mettre la puce à l’oreille au gouvernement pour tenir ses engagements en ce qui concerne la politique de gratuité dans la prise en charge de la tuberculose adoptée en octobre 2004.