Etoa-Méki pleure encore la disparition de Sylvie Louisette Ngo Yebel. Le corps mutilé de la dame a été retrouvé dans deux valises flottant dans le Mfoundi, un cours d’eau qui traverse ce quartier de la ville de Yaoundé. Face à cette situation, les chefs de bloc ont initié des mesures visant à contrecarrer pareils crimes.
Nous faisons des efforts pour effacer l’image que les gens ont d’Etoa-Meki : un quartier dangereux où il ne fait pas bon vivre. Les mesures que nous prenons sont palpables. Sa Majesté Fouda Fouda a réparti le quartier en blocs. Autrefois, nous n’en avions que trois. Aujourd’hui, il y en a 12. Ils ont été mis sur pied pour faire face aux situations comme celle à laquelle nous faisons face. Nous fournissons des informations quand la situation l’impose et les forces de l’ordre font le reste,
explique Sa Majesté Henri Sisse Njoh, président du comité des notables d‘Etoa-Meki. Ce dernier affirme que la chefferie a autorisé, il y a quelques mois, la création d’un comité de vigilance initié par les jeunes.
Cette perte a été mal vécue par les voisins et les proches de la victime, même si cette dernière avait quitté le domicile familial pour son foyer sis au quartier Damase. « Sylvie Louisette Ngo Yebel était une voisine, une sœur du quartier. Elle était très calme et posée. Son assassinat nous a surpris. Je ne trouve pas les mots pour décrire le choc qui nous traverse. Quand on pense que c’est son fils, l’auteur d’un tel acte, cela nous désole », confie Blaise Niteck, voisin et proche de la famille.
Le film de la découverte macabre
C’est l’émoi et la consternation au domicile familial de Sylvie Louisette Ngo Yebel. Plus d’une semaine après le meurtre effroyable de la journaliste Sylvie Louisette Ngo Yebel, la douleur est la même. Rencontrée, le 12 avril 2024, la famille est inconsolable. Pleurs et cris sont devenus monnaie courante dans les habitudes de ses proches. Les parents et grands-parents de la défunte sont inconsolables. Ils ne savent plus à quel Saint se vouer. A l’évocation du sujet, apparemment encore très sensible, des laves de larmes escaladent les joues de ces derniers.
La grand-mère que nous nommons maman Henriette s’indigne du courage et de la cruauté avec laquelle le meurtre a été commis. « On a élevé cet enfant dans cette maison, mais regardez ce qu’il a fait. Personne ne l’aurait imaginé », lance-t-elle, le visage larmoyant. « Moi, en tant que grand-mère, je suis surprise. Qu’est-ce que je vais dire aux petits enfants ? On remet tout entre les mains de Dieu. On le prenait comme un petit fils dans cette maison, sans savoir que cela allait se passer de la sorte. Toute la famille est surprise », poursuit-elle.
Un dimanche noir
La douleur et la tristesse se sont abattues sur cette famille, le 7 avril 2024, lorsque Martial Tsimi, un laveur de voitures du coin a découvert le corps mutilé de Sylvie Louisette Ngo Yebel dans la rivière qui traverse le quartier Etoa-Meki. Situé à une centaine de mètres du lieu-dit Shell Elig-Edzoa, ce lieu où l’on redonne un coup de neuf aux véhicules a été le théâtre d’une découverte macabre. Comme à l’accoutumée, Martial s’apprêtait à prendre son service. Le jeune homme, la trentaine, s’est laissé distraire par deux valises flottant dans la rivière qui fournit de l’eau à la laverie. Par curiosité, le laveur se précipite vers les valises.
Grosse surprise, le poids surréaliste de l’objet de son attrait. Mais, le jeune laveur n’est pas au bout de ses surprises. Un coup d’œil à l’intérieur de la valise, et Martial Tsimi s’interroge : « depuis quand le mannequin est aussi lourd ? qui découpe le mannequin comme cela ? ». Des interrogations qui poussent ce dernier à toucher du doigt l’objet de sa curiosité. Le laveur s’est dès lors rendu compte qu’il s’agit d’un corps humain, et a aussitôt alerté les autorités compétentes. « Quand je me suis rendu compte qu’il s’agit d’un corps, je suis allé appeler mon collègue en courant. Puis, nous avons appelé la police. À son arrivée, la police m’a demandé de faire remonter les valises », affirme Martial Tsimi. En attendant la fin de l’enquête, l’indignation continue son bonhomme de chemin à Elig-Edzoa.