Une vidéo devenue virale a fait le tour de la toile, il y a quelques jours. Une dame, la quarantaine apparente, a été filmée dans une activité peu orthodoxe. La femme urinait dans une marmite d’okok (un plat local camerounais) destiné à la vente. Malgré cette vidéo, les habitués des tournedos semblent être résignés. Moins de deux semaines plus tard, tout semble revenu à la normale. Dans certains « tournesdos » de la ville de Yaoundé, les potentiels clients ne se font pas prier. Il est presque 13h, ce jour au lieu-dit « ancienne pharmacie Elig-Edzoa », un quartier populaire de la cité capitale, les clients se bousculent devant le comptoir de celle qui se fait appeler « Mami eru ». Sur son comptoir, une marmite de banane malaxée, une glacière chargée de riz et deux seaux de 10 litres contenant chacun sauce tomate et sauce d’arachide. Les commandes fusent de part et d’autre.
Sers-moi un plat de riz de 600 F, avec la sauce d’arachide », entend-t-on. « On ne comprend pas comment on peut uriner dans la nourriture que les gens mangent. C’est vrai que ça fait peur, ça fait froid au dos quand on sait à quels dangers l’on s’expose. On n’a pas le choix, on va continuer de manger. C’est notre quotidien,
lance Rodrigue, un habitué de ces espaces de consommation.
Le seul choix possible pour certains travailleurs
Ambiance similaire au marché Mokolo, ces « restaurants à ciel ouvert » sont bondés. Chacun s’empresse de passer sa commande. Si la loi exige aux commerçants de ce secteur, un certificat médical, ce n’est pas le cas des habitués comme Robert. Le jeune homme de moins de trente ans ignore cette réalité. Comme lui, la commerçante, visiblement ignorante, elle aussi de cette réalité, n’a pas souhaité s’exprimer. L’équipe d’Album Social s’est rendue dans son lieu de commerce sis à Mokolo. À la question de savoir si la dame possède ou pas un certificat médical, cette dernière répond par un coup de silence.
J’ai été choqué de voir quelqu’un mélanger de la nourriture aux déchets du corps. C’est inhumain. Cela ne se fait pas. Il n’est pas évident pour nous qui travaillons de manger à la maison H24. C’est le Seigneur qui nous protège, parce qu’on ne sait pas ce qu’on mange. Dans la mesure du possible, privilégier les plats faits, maisons,
argue Jeanisse, une citoyenne camerounaise.
Le défi de l’hygiène
Daniel, un autre habitué de ces lieux réputés prisés par les célibataires, ne partage pas cet avis. Aujourd’hui, ce dernier ne s’aventure plus dans les « tournedos ». La faute à une intoxication alimentaire contractée après avoir mangé du riz à la sauce d’arachide dans la rue, il y a quelques semaines. La récente actualité autour de l’okok lui donne une raison de plus de s’éloigner des « restaurants de rues ».
Plusieurs fois, j’ai eu des problèmes de santé parce que j’ai consommé de la nourriture en route. Il y a deux mois, je me suis retrouvé à l’hôpital à cause d’une sauce d’arachide que j’avais consommée dehors. J’ai dû me faire laver les intestins à cause d’une intoxication alimentaire. Ce qui m’a coûté de l’argent,
argumente Daniel.
Face à cette situation, les médecins préconisent prudence et respect des règles d’hygiène.
Il faut vraiment éviter de consommer de la nourriture n’importe où. La mauvaise conservation de ces plats d’origine douteuse entraîne très souvent des maladies, des intoxications alimentaires. Il faut avoir une hygiène alimentaire saine : contrôler ce qu’on mange et où on mange,
explique le Dr Babette Esso, technicienne médico-sanitaire.