Ils sont à la portée de tous, échappent à tout contrôle et fragilisent la santé d’une bonne partie de la population. Les whiskys en sachet ont pris une ampleur considérable dans plusieurs villes et campagnes du Cameroun. Ce produit s’est rapidement imposé comme une alternative accessible à de nombreux Camerounais, notamment dans les milieux populaires.
Le prix abordable est sans aucun doute, l’un des principaux facteurs de succès de ces boissons. Un whisky en sachet de 30 à 50 ml, est vendu entre 100 et 200 FCFA. Ce tarif le rend bien plus attractif par rapport aux spiritueux traditionnels ou à la bière, qui sont souvent bien plus chers. La facilité de distribution et de consommation est également un atout pour les producteurs. Comparés aux bouteilles en verre ou en plastique, les sachets sont légers, faciles à transporter, et donc peu visibles.
Ce phénomène touche n’épargne pas les jeunes adultes, notamment, collégiens et lycéens. En 2020, le whisky en sachet était la barre. Raphaël Ngoo Epoupe, vice-président de la Fondation Camerounaise des Consommateurs (FOCACO) martelait que le whisky en sachet est
un breuvage qui tue.
Avant d’ajouter que
La FOCACO est déterminée à faire entendre la voix des consommateurs, afin que les produits non conformes et dangereux pour la santé, tels que les whiskys en sachet Tombo, Goal Fresh Cream et Officer Vodka ne se retrouvent plus sur le marché. Non au sacrifice de la santé des populations vulnérables et démunies sur l’autel des intérêts capitalistes,
clamait le responsable.
De nombreux whiskys en sachet ne respecteraient pas les normes de qualité et pourraient contenir des additifs toxiques, notamment du méthanol, une substance dangereuse souvent utilisée dans l’industrie. Un fléau dénoncé régulièrement par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans de nombreuses régions défavorisées du monde. Le méthanol, lorsqu’il est ingéré, peut entraîner, selon les médecins,
des effets dévastateurs, comme des nausées ; des vomissements ; des troubles respiratoires graves, voire la mort en cas de consommation excessive.
Les pourfendeurs du whisky en sachet soutiennent que les effets d’une consommation prolongée et répétée sur la santé sont tout aussi préoccupants. L’alcool, lorsqu’il est consommé en grande quantité sur une longue période, peut causer des maladies chroniques, telles que des troubles du foie (comme la cirrhose), des problèmes cardiaques, ainsi que des dommages au cerveau. L’alcool en sachet, à fort degré, exacerbe ces effets.
Selon une étude réalisée par le CHU de Yaoundé en 2022, près de 40% des patients hospitalisés pour des complications hépatiques dans cette structure avaient une consommation régulière de whisky en sachet. Le manque de régulation de la fabrication et de la vente aggrave la situation. Contrairement aux autres types d’alcool, les whiskys en sachet échappent souvent à la surveillance de la répression des fraudes.
Un phénomène alarmant dans les écoles
Ce qui rend la situation encore plus inquiétante, c’est l’ampleur de la consommation de whisky en sachet parmi les jeunes Camerounais. Le cas d’un établissement secondaire public de Yaoundé, où plus de 150 élèves ont été impliqués dans des incidents liés à la consommation d’alcool en sachet en 2023, illustre la gravité de la situation. Les élèves, souvent en groupe, se procurent des sachets de whisky dans les échoppes autour de l’école et les consomment en cachette, avant de reprendre leurs cours, comme si de rien n’était.
Les dégâts sur la santé mentale et physique des jeunes, qui sont souvent ignorés, commencent à se faire sentir. Des cas de troubles cognitifs précoces ; de déficits de concentration, et de comportements violents ont été observés chez certains élèves après des mois de consommation régulière.
D’après les experts, l’État doit renforcer son engagement dans la régulation de ce marché, mais aussi, accompagner les jeunes consommateurs en leur offrant des alternatives plus saines. La création de centres d’écoute et de programmes de réinsertion pourrait constituer un premier pas vers un changement significatif.
En 2024, le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique a annoncé un plan national de prévention des addictions dans les écoles, visant à réduire l’accès aux alcools en sachet, et à promouvoir des alternatives saines pour les jeunes. Cependant, la mise en œuvre de ce plan reste à vérifier sur le terrain, où les obstacles sont nombreux. La régulation stricte, la sensibilisation et des politiques d’accompagnement adaptées sont désormais nécessaires pour préserver la santé et l’avenir des jeunes générations.