Je travaille depuis que mon mari m’a quitté, je suis la seule à prendre soin des enfants. Je n’ai pas trouvé mieux à faire,
raconte Zeina qui s’est retrouvée dans le concassage des pierres par dépit.
Comme elle, Bafdam, une mère célibataire s’est également lancée dans cette activité. Recroquevillée derrière un petit arbre, la tête à peine couverte d’un pagne, elle tente d’échapper à la fureur des rayons du soleil. Les conditions de travail sont difficiles. Ces femmes sont obligées de transporter de lourdes charges sur un terrain accidenté.
C’est très dangereux ici. Souvent, les gros morceaux tombent au-dessus de nos têtes ou la terre même peut nous recouvrir ici,
explique-t-elle.
De plus, ces dames inhalent la poussière, dangereuse pour l’organisme. Pourtant l’inhalation prolongée de cette poussière peut engendrer des maladies pulmonaires. Selon Issa Gadjama, infirmier au District de santé de Founangué de Maroua, les personnes pratiquant cette activité s’exposent à des vibrations qui peuvent causer des troubles musculosquelettiques.
En dépit de ces dangers, ces femmes sont contraintes de mener cette activité car, elle leur permet de nourrir leurs familles. Zeina exerce cette activité risquée depuis 2016. Malgré les coups de marteau sur les doigts, elle continue de pratiquer cette activité pour nourrir sa famille.
La pierre, c’est ma vie. C’est la pierre qui nourrit ma famille et me permet de marcher la tête haute. Avant je demandais l’aumône, je casse les graviers, comme vous voyez, et je les vends pour obtenir un peu d’argent,
explique-t-elle.
Il y a des jours où je gagne 1500 FCFA, les autres jours, même 2000 ou 3000 FCFA quand mes enfants viennent m’aider à casser. Mais, c’est très compliqué, le soir quand tu rentres tu as des blessures à la main à cause du marteau et le mal de dos,
précise Zeina en montrant ces doigts amochés des blessures.
Autrefois, casser des pierres était considéré comme un travail honteux. Aujourd’hui, malgré les risques, les casseuses de pierre affichent leur fierté d’avoir un métier qui leur permet de vivre. Rappelons que les éboulements sont monnaie courante dans les zones où exercent ces femmes. Le cas de l’éboulement de terrain qui a causé la mort de quatre personnes sur les montagnes à Frolina, le 2 mai 2024 en est la parfaite illustration.