Le Cameroun reste confronté à une situation sanitaire préoccupante. Avec une prévalence élevée du paludisme, du VIH et de la tuberculose. Selon des statistiques récentes, le paludisme demeure la principale cause de consultations médicales et de mortalité dans les hôpitaux du pays, particulièrement dans les régions rurales où l’accès aux soins est limité. Le VIH/Sida, avec une prévalence nationale d’environ 3,7 %, touche des milliers de personnes chaque année. Et, la tuberculose, souvent aggravée par la co-infection avec le VIH, continue de faire des ravages.
Face à cette situation, le ministère de la Santé publique du Cameroun multiplie les initiatives pour contrer la propagation de ces maladies. Cependant, les défis restent nombreux, notamment en matière de gestion logistique, de distribution des médicaments, de sécurité des stocks et de prévention des détournements de produits de santé.
La sécurisation des stocks de médicaments : un enjeu clé
Au cœur des échanges entre le gouvernement camerounais et la délégation du Fonds Mondial, la gestion des médicaments et la sécurisation des stocks à la Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux Essentiels (CENAME). En effet, au cours des dernières années, plusieurs incidents de vol de médicaments ont été signalés, compromettant ainsi la disponibilité de traitements vitaux pour les patients souffrant de maladies comme le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Pour faire face à cette situation, le ministère de la Santé publique a pris plusieurs mesures. Parmi lesquelles, l’installation de caméras de surveillance dans les entrepôts de la CENAME, le renforcement du personnel de sécurité et la réorganisation des équipes de gestion des stocks. L’objectif étant de prévenir tout détournement ou vol de médicaments, mais aussi, d’améliorer la gestion globale des ressources. Ces mesures visent à garantir que les médicaments arrivent effectivement à destination, en particulier dans les zones rurales et les communautés les plus démunies, où les besoins sont souvent les plus pressants.
Réforme du système national d’approvisionnement en médicaments
En parallèle, le gouvernement camerounais a initié une réforme en profondeur du Système national d’approvisionnement en médicaments (SYNAME). Cette réforme vise à rendre le système plus robuste, transparent et efficace. Une des priorités est la décentralisation du SYNAME, afin de créer des représentations dans les différentes régions du pays. Cette approche permettra de réduire les délais de livraison des médicaments et de rapprocher les services de santé des populations locales, particulièrement dans les zones difficiles d’accès.
Le renforcement du système d’approvisionnement est crucial, car les pénuries de médicaments, souvent dues à des inefficacités logistiques, ont un impact direct sur la prise en charge des malades. La réforme du SYNAME prévoit donc une meilleure coordination entre les différents acteurs du secteur de la santé, une traçabilité améliorée des produits et une optimisation des stocks. Des formations sont également prévues pour le personnel chargé de la gestion des entrepôts et de la distribution, afin d’améliorer la performance globale du système.
Le Fonds Mondial : un soutien indispensable
En plus de son soutien financier pour l’acquisition de médicaments et d’équipements, il apporte une expertise technique pour améliorer la gestion des entrepôts et des systèmes logistiques. Parmi les projets en cours, l’achat de camions frigorifiques pour la conservation des médicaments sensibles à la chaleur est une priorité. Il s’est également engagé à fournir un soutien technique pour moderniser les infrastructures logistiques et améliorer la gestion des flux de médicaments. Cela inclut la mise en place de systèmes numériques de gestion des stocks, qui permettront de mieux suivre les mouvements de médicaments et de réduire les risques de pertes ou de détournements.
Ainsi, la rencontre du 15 octobre 2024 marque un tournant décisif dans la stratégie nationale de lutte contre ces maladies, posant les bases d’un système de santé plus efficace et équitable pour tous. Cette collaboration est une réponse ambitieuse aux défis sanitaires qui pèsent sur le Cameroun, et montre que des partenariats stratégiques, lorsqu’ils sont bien orchestrés, peuvent conduire à des avancées concrètes dans la santé publique.