Les « microbes » ne reculent pas. En effet, tout juste 16 jours après le décès d’un homme attribué à ces hordes de malfaiteurs agissant en bandes, et à peine une semaine après le discours ferme du gouverneur de la région du Littoral, ces délinquants persistent dans leur besogne. Dimanche, 06 octobre 2024, ces jeunes délinquants ont encore semé panique et pagaille à Douala. Ils ont pris pour cible notamment les individus et les petits commerces situés sur un itinéraire allant de la Cité des Palmiers jusqu’au lieu-dit Malanguè, un village abritant l’hôpital général de Douala, dans le cinquième arrondissement de la capitale économique camerounaise. Ils ont ensuite fondu dans la nature en toute impunité.
La plus grosse prise tombée dans l’escarcelle de ces assaillants, est le bar dénommé « Malibu Socopres », sis à la Cité des Palmiers. Des témoins et rescapés affirment que ces adolescents opérant en bandes organisées ont pillé les recettes de ce grand lieu de consommation de boisson, dépouillant le personnel et les clients de leurs biens, et blessant d’autres parmi ces victimes. La plupart des commerces ouverts lors du passage de ces malfrats n’ont pas échappé aux scènes de violence. Leurs propriétaires ont été agressés et dépouillés de leurs avoirs, certains blessés.
Risque d’amputation d’un bras pour une victime des attaques
Sur le plan humain, le bilan de l’attaque des « microbes » est de plusieurs blessés, quatre précisément, dont un homme qui risquerait une amputation d’un bras, après avoir résisté à remettre téléphones et argent à ses agresseurs, a-t-on appris. Les blessés ont été admis à l’hôpital du district de la Cité des Palmiers, où ils reçoivent des soins. L’on apprend en outre que, sous la peur et l’effet de traumatismes, certains d’entre eux ont sollicité un déploiement dissuasif de gendarmes à l’hôpital, craignant sans doute que ces hors-la-loi remettent ça.
L’attaque débutée aux environs de 20h40 minutes, aurait duré une trentaine de minutes, nous informe un habitant de la Cité des Palmiers. Le temps nécessaire pour que ces jeunes délinquants patrouillent jusqu’à Malanguè, où ils auraient opéré jusque dans les quartiers, et le long des rues secondaires. Album Social a appris qu’ils étaient une quarantaine d’adolescents munis d’armes blanches (couteaux, machettes et gourdins). Les assaillants ont pris le soin de réorienter l’angle de vue des caméras de surveillance, preuve qu’ils sont fort expérimentés lors de leurs opérations. Une tenancière de call-box, s’en est tirée avec des écorchures après avoir trébuché pendant la débandade causée par les assaillants.
La mise en garde du Gouverneur, il y a juste quelques jours
C’est la deuxième fois en moins d’un mois que ces bandes de jeunes s’en prennent à des cibles dans la capitale économique camerounaise. Le 20 septembre dernier, ces mêmes individus ont lancé un assaut similaire dans une station d’essence au quartier Bonapriso, et ont poursuivi leur forfait jusqu’au lieu-dit « Rue des manguiers », au quartier Bali, où ils ont ôté la vie au sieur Adriel Eyango. Le mode opératoire est le même : dépouillement de leurs victimes (commerçants ou simples passants), exigence de l’argent ou de la recette journalière, ainsi que des téléphones et autres objets de valeur.
Ce nouvel assaut des « microbes », lancé cette fois à Douala 5ème, loin de leur zone d’opération de confort traditionnelle (New-Bell, Bali, Bonapriso, à Douala 1er), est d’autant plus surprenant que le gouverneur du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, qui est la plus haute autorité de la région, a frappé du poing sur la table, il y a tout juste quelques jours, en guise de début de réponse à ce phénomène de microbes.
Douala n’est pas une ville où on ne peut plus vivre. C’est faux ! Et je tiens à dire que ceux qui voudront que cette atmosphère perdure seront également rattrapés, dans une certaine complicité,
affirmait le représentant du Chef de l’Etat dans le Littoral, en réponse au communiqué alarmiste signé par le consul de France à Douala, Jean-Charles Ledot, à l’attention des ressortissants français à Douala.
Par la même occasion, le gouverneur annonçait un train de mesures. Quelques jours plus tard, des rafles massives avaient été menées dans certains quartiers réputés abriter des niches d’insécurité. Ce qui avait permis d’interpeller d’autres présumés assaillants ayant participé aux opérations meurtrières de la Rue des manguiers au quartier Bali.
Ces mesures n’ont manifestement pas dissuadé les « microbes ». Du coup, des spéculations vont bon train sur la situation sécuritaire dans la deuxième ville du pays. S’agit-il de banales agressions perpétrées par des jeunes en proie au chômage et à la famine, comme laisse penser leur mode opératoire, ou bien de groupes organisés et ayant des visées occultes ?
Des postes de contrôle mixtes et fixes créés
Face à la gravité de la situation, les autorités de la ville ont pris d’autres trains de mesure. Le préfet du Wouri, Sylvac Marie Mvogo a annoncé, le mercredi 09 octobre 2024, la création de postes de contrôle mixtes et fixes dans les zones jugées à hauts risques dans la ville de Douala. Ce dispositif sécuritaire composé de policiers et de gendarmes sera mobilisé surtout dans des principaux foyers criminogènes, les lieux de distraction et de forte concentration humaine. Selon le préfet, ces hommes en tenue auront pour mission d’
identifier et filtrer les personnes ; fouiller systématiquement les véhicules suspects ; lutter contre le carburant frelaté et la contrebande ; combattre la circulation de substances psychotropes et hallucinogènes,
peut-on lire dans son communiqué.
Quelques lieux ont d’ores et déjà été identifiés pour le déploiement de ces postes de contrôle fixes. Il s’agit de Shell New-Bell, Marché des Fleurs, Texaco aéroport, Terminus Axe Lourd, Carrefour Yassa, Total Nkolbong, Carrefour Ndokoti, Carrefour PK14, Carrefour Bassong, Kotto Immeubles, Lendi, Carrefour Maetur, Axe Lourd Bépanda, Rond-Point Deido, Rond-Point Bonassama, Kwassa Kwassa, Rond-Point Ndobo Rail et Carrefour Mützig.