L’affaire Longuè Longuè fait grand bruit. Il s’agit d’une vidéo qui daterait de 2019, et où on peut apercevoir l’artiste musicien Longkana Agno Simon, plus connu sous le pseudonyme de « Longuè Longuè », vêtu seulement de sous-vêtements, dans une pièce clause, les mains menottées et les pieds tendus sous une chaise, comme pour les immobiliser, pendant qu’un individu lui administre des coups de façon répétée sur les plantes des pieds à l’aide d’une machette. Déjà la veille de la publication de cette vidéo, le mardi 22 octobre 2024, l’artiste donnait rendez-vous à ses fans pour « une exclusivité mondiale », ajoutant qu’ils verront en direct
comment on torture un être humain comme si c’était un animal ». « Il était question que l’on me tue, comme on a tué Martinez Zogo,
affirmait-il.
Au départ, il ne partageait que le son de ce contenu visuel, avant d’en offrir la vidéo complète. Des violences dont la victime impute
à des éléments de l’Antenne Sécurité militaire du Littoral, Garnison de Douala, deuxième Région Militaire Interarmées,
précise-t-on dans un communiqué signé le 24 octobre 2024 par le ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo.
Cette antenne Semil (Sécurité militaire) était alors sous le commandement du capitaine de frégate Bernard Mbu Tabala, aujourd’hui commandant de la Base navale de Kribi, dans la région du Sud.
L’Ordre des Avocats du Cameroun indigné
Cette vidéo a soulevé une vague d’indignation, de condamnation et d’appels à la justice au sein de l’opinion publique en général à travers les réseaux sociaux. Car, rien, mais alors rien pourrait justifier de tels actes de barbarie, surtout de la part des éléments des forces de défense et de sécurité, ceux-là même qui devraient protéger les citoyens. Surtout que pour l’Ordre des Avocats du Cameroun, le cas de Longuè Longuè n’est pas un cas isolé. Car, il survient même
quelques jours après que Me Assiene Aboyoyo ait été violemment agressé en plein exercice de son ministère d’avocat par un officier de police à Bafia,
peut-on lire dans un communiqué signe le 24 octobre 2024 par Me Mbah Eric Mbah, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Cameroun.
Des faits qui
suscitent de vives inquiétudes sur la protection des droits de l’homme au Cameroun, d’autant plus qu’ils mettent en cause des personnes en charge de la protection et de la sécurité des citoyens,
peut-on lire dans ce communiqué.
Et le Barreau du Cameroun dit condamner,
avec la dernière énergie et en des termes les plus fermes ces actes de barbarie constitutifs de torture commis en totale violation des lois et conventions internationales en vigueur au Cameroun. Le Barreau condamne par ailleurs tout acte de brutalité et de terreur perpétré par les forces de l’ordre et de sécurité sur les populations en violation des droits de l’homme et des citoyens,
poursuit l’Ordre des Avocats du Cameroun.
Par conséquent,
Le Bâtonnier appelle les pouvoirs publics à prendre promptement des mesures pour mettre aux arrêts les auteurs de ces actes afin qu’ils soient traduits en justice et répondent des faits de torture et d’atteinte à l’image du Cameroun. Aussi, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats enjoint la Commission des droits de l’homme du barreau de se saisir sans délai de ces affaires et de formuler des recommandations au Conseil de l’Ordre en vue des actions appropriées,
conclut l’Ordre des Avocats du Cameroun.
Le Mindef promet des sanctions
La réaction du ministère de la Défense ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué rendu public le 24 octobre 2024, le ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense dit qu’après avoir été
Informé de ces faits de violence sur un citoyen,
impliquant, selon la victime, les forces de défense et de sécurité, il a
immédiatement prescrit l’ouverture d’une enquête par ses services spécialisés. Toute la lumière sera faite sur cette regrettable affaire. Les responsabilités seront établies et les conséquences tirées en fonction des résultats de l’enquête, conformément aux lois et règlements en vigueur,
peut-on lire dans le communiqué du Mindef.
C’est donc de prime abord une assurance que les auteurs de cette barbarie seront connus et sanctionnés. Car, il y a de nombreuses enquêtes ouvertes sur des atteintes aux droits de l’homme au Cameroun, et dont les résultats restent lettres mortes.