Tout serait pourtant parti d’un cas d’accusation de vol de bétail, il y a de cela plus d’une semaine. Les aborigènes Massa n’auraient pas apprécié le doigt accusateur d’un groupuscule de Moussey pointé sur eux. Un malheureux malentendu qui sera par la suite enrobé de violence à coup de flèches, lances, gourdins et poignards. Un affrontement qui aurait causé plus de sept morts et de nombreux blessés graves, apprend-on du média local Baba Info Mra. L’on dénombre de nombreux dégâts matériels avec la destruction de plusieurs habitations et des champs de culture.
Mais il faut rappeler que l’Extrême-Nord du Cameroun, la région la plus pauvre du Cameroun, connaît des tensions communautaires récurrentes portant sur les réserves en eau. Une situation qui a de multiples conséquences sanitaires sur les populations avec la prolifération des maladies, notamment des maladies hydriques. Les attaques touchent également l’éducation entrainant la déscolarisation des jeunes et enfants impliqués dans les conflits.
Les fragilités de l’Extrême-Nord
Les habitants de l’Extrême-Nord sont plus nombreux que ceux de toute autre région du Cameroun à vivre de l’agriculture, de la pêche ou de l’élevage. Ce qui rend la région particulièrement vulnérable en cas de combats qui empêchent les populations d’accéder aux champs, aux cours d’eau et aux pâturages, selon l’ONG International Crisis Group. L’insécurité alimentaire a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie. Cela dû principalement aux attaques terroristes de Boko Haram, auxquelles viennent s’ajouter les conflits inter ethniques, récurrents. L’Extrême-Nord endure également plus de sécheresse et d’inondations meurtrières que toutes les autres régions du pays. L’insurrection a ainsi aggravé les problèmes économiques déjà importants de la région
Ces problèmes, combinés à d’autres liés au climat à l’instar des précipitations imprévisibles et de l’incertitude quant à la saison des semis, ont réduit l’accès à l’eau potable et diminué les réserves alimentaires. Sur les 3,5 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au Cameroun en 2023, près de 1,6 million vivaient dans l’Extrême-Nord, soit une augmentation de 33% par rapport à 2022. D’après l’association Terre Solidaire, le lac Tchad a perdu 90% de sa superficie durant les trois dernières décennies en raison d’une série de sécheresses. L’accès à ce dernier entraîne des affrontements réguliers entre éleveurs et agriculteurs, qui s’étendent ensuite à l’ensemble des communautés. Tous ces facteurs font craindre que de nouveaux affrontements intercommunautaires n’aggravent la crise humanitaire dans la région.
Dans le cadre du conflit opposant les Massa et les Moussey dans le département du Mayo Danay, le gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari s’est rendu, le 8 décembre 2024, à Nouldaina, fief des Massa et Gobo-ville pour les Moussey pour réconforter, apporter un apaisement et réconcilier ces deux communautés. Les forces de défense et de sécurité sont mobilisées, et l’on observe une certaine accalmie ces dernières heures, indiquent les médias locaux.