La dracunculose est une maladie parasitaire invalidante qui est sur le point d’être éradiquée, avec 14 et 13 cas notifiés chez l’humain en 2023 et 2022, respectivement. À l’occasion de la 28ème réunion de revue Internationale des Programmes d’Éradication du Ver de Guinée, le ministre camerounais de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie, a salué les efforts consentis et a appelé au renforcement de la coopération entre les pays touchés. Ce, en vue de l’éradication de la maladie.
Ensemble, nous avons la capacité de faire de cette éradication, un autre triomphe historique pour nos pays et pour l’humanité,
a-t-il déclaré, dans un appel vibrant à la solidarité.
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dracunculose, également appelée maladie du ver de Guinée, est une maladie causée par le parasite Dracunculus medinensis. Elle est rarement mortelle, mais les personnes touchées peuvent souffrir d’invalidité pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. La maladie sévit dans des communautés rurales défavorisées et isolées qui sont essentiellement tributaires de points d’eau stagnante superficiels non aménagés, comme des étangs, pour s’approvisionner en eau de boisson.
Transmission, cycle évolutif et période d’incubation
Environ un an après l’infestation, une vésicule douloureuse se forme – sur la partie inférieure de la jambe dans 90% des cas – et un ou plusieurs vers émergent de la peau, accompagnés d’une sensation de brûlure. Pour apaiser cette douleur, les patients plongent souvent le membre infesté dans l’eau. Les vers libèrent alors des milliers de larves dans l’eau. Ces dernières parviennent au stade infestant après avoir été ingérées par de petits crustacés ou copépodes, également appelés puce d’eau.
Lorsque des personnes boivent cette eau contaminée, elles ingèrent les puces d’eau parasitées. Les puces d’eau meurent dans l’estomac, mais les larves infestantes y sont libérées. Elles traversent alors la paroi intestinale et migrent à travers l’organisme. Le ver femelle fécondé (qui mesure entre 60 et 100 cm de long) se déplace sous les tissus cutanés jusqu’à atteindre son point de sortie, généralement au niveau des membres inférieurs, formant une vésicule ou une tuméfaction, d’où il finit par émerger. L’émergence du ver a lieu 10 à 14 mois après l’infestation.
Prévention
Notons qu’il n’existe pas de vaccin contre la dracunculose, ni de médicaments pour traiter les patients. La prévention est toutefois possible et la maladie est désormais sur le point d’être éradiquée grâce à la mise en œuvre de diverses stratégies de prévention, consistant notamment à : renforcer la surveillance pour détecter tous les cas humains et tous les animaux infestés dans les 24 heures suivant l’émergence du ver ; prévenir les complications (infection des lésions et septicémie), en traitant chaque lésion d’où un ver a émergé, et en assurant le nettoyage régulier et le bandage des lésions cutanées jusqu’à ce que le ver ait été totalement expulsé de l’organisme.
L’on peut également prévenir la contamination de l’eau de boisson en veillant à ce que les personnes et les animaux infestés (chiens et chats) présentant des vers émergents ne s’immergent pas dans les sources d’eau. Il faut aussi garantir un accès plus large à des sources améliorées d’eau potable ; filtrer l’eau provenant de points d’eau non aménagés et stagnants avant toute consommation ; mener des interventions de lutte antivectorielle à l’aide du téméphos (larvicide) ; et promouvoir l’éducation sanitaire et les changements de comportement.
Rappelons que le ver de Guinée a réapparu au Cameroun du fait de sa proximité avec le Tchad qui est un pays endémique, présentant des foyers actifs ou encore des réservoirs de la maladie. En 2019, deux cas étaient, à nouveau, notifiés dans le District de Santé de Guére dans la Région de l’Extrême-Nord. Un fait résultant du brassage des populations à la frontière avec ce pays voisin. D’où, la nécessité de mener une riposte à la hauteur des défis, et ce en collaboration avec le Tchad, à l’effet de prévenir durablement la réapparition des cas d’infection. Le Cameroun poursuit ses efforts à travers des investissements dans l’accès à l’eau potable, la sensibilisation communautaire et la mobilisation de ressources domestiques.