Cette réouverture marque la fin d’une longue bataille judiciaire opposant l’organisation de la société civile au préfet du Wouri. La juridiction a estimé que la fermeture du siège du Redhac ne reposait sur aucun fondement légal. Les scellés ont été levés le 6 octobre 2025, en présence de Me Alice Nkom, présidente du conseil d’administration, et de la directrice exécutive, Maximilienne Ngo Mbe. Cette victoire judiciaire redonne souffle à l’organisation, longtemps accusée de « financement illicite ». Pour ses dirigeants, il s’agit avant tout d’un rétablissement du droit et d’un signal fort envoyé aux autorités sur la nécessité de respecter les libertés d’association et d’expression.
À l’origine de l’affaire, un arrêté signé fin 2024 par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, suspendait les activités du Redhac pour « flux financiers suspects ». Aucun rapport d’enquête n’est venu confirmer ces accusations. Initialement prévue pour trois mois, la suspension s’est transformée en fermeture prolongée, sans décision judiciaire. Malgré les recours déposés, le siège est resté scellé pendant 11 mois, plongeant l’organisation dans une inactivité forcée et privant ses partenaires de suivi sur plusieurs programmes de défense des droits humains en Afrique centrale.
D’après nos sources, le 6 octobre, la levée des scellés s’est déroulée dans un climat particulier. Plusieurs huissiers ont refusé de se présenter, craignant des représailles administratives. En l’absence du sous-préfet de Douala 1er, Me Alice Nkom a pris la tête des opérations pour récupérer symboliquement les clés du bâtiment.
Ce n’est pas seulement un siège qu’on rouvre, mais un espace de liberté qu’on rétablit
Me Alice Nkom
Un constat judiciaire complet devrait être effectué pour évaluer l’état du site avant la reprise des activités. Malgré cette victoire, le Redhac reste engagé dans une autre procédure. Le tribunal de première instance de Douala-Bonanjo poursuit l’examen du dossier opposant l’État du Cameroun à Alice Nkom et Maximilienne Ngo Mbe, accusées de « bris de scellés » et de « rébellion ». Mais le préfet du Wouri, Sylyac Marie Mvogo, absent à plusieurs reprises, a une nouvelle fois provoqué le report de l’audience, désormais fixée au 1er décembre 2025. Ces renvois successifs sont perçus par les défenseurs du Redhac comme une manœuvre visant à retarder la clôture du procès et à user la défense.
Un signal fort pour la gouvernance et la justice
La décision du tribunal administratif s’impose comme une victoire du droit sur l’arbitraire administratif. Elle met en lumière le rôle du juge comme ultime garant de l’État de droit, dans un contexte où les organisations civiles sont souvent fragilisées par les décisions unilatérales. Selon plusieurs observateurs, cette décision pourrait servir de précédent pour d’autres associations confrontées à des fermetures injustifiées. La réouverture du siège du Redhac intervient dans un contexte politique tendu, à moins quatre jours de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
L’organisation, connue pour son engagement en faveur de la transparence et de la justice sociale, entend reprendre son rôle d’observateur indépendant. Le Redhac prévoit une reprise progressive de ses programmes régionaux. L’organisation souhaite renforcer ses actions de plaidoyer en faveur des libertés publiques et de la protection des défenseurs des droits humains dans la sous-région. La réouverture du siège s’accompagne d’un projet de rénovation et de relance de ses partenariats suspendus depuis la fermeture.
