Le Cameroun a lancé sa stratégie nationale pour la santé reproductive, maternelle, infantile, adolescente et la nutrition (RMNCAH-Nut) pour la période 2025-2030. Les données de l’Enquête démographique et de santé de 2018 restent préoccupantes : 406 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, 28 décès néonataux pour 1 000 naissances vivantes, et 48 décès infantiles pour 1 000 naissances vivantes.
Ces chiffres sont bien loin des objectifs de réduction fixés par les Objectifs de Développement Durable (ODD), qui prévoient de réduire la mortalité maternelle à 140 pour 100 000 naissances vivantes d’ici 2030. Le plan stratégique, qui court jusqu’en 2030, a pour objectif de combler cet écart et d’améliorer les conditions de vie des mères et des enfants.
Le nouveau plan va au-delà des actions isolées du passé, il introduit une approche plus intégrée, impliquant une collaboration multisectorielle pour améliorer l’accès aux soins de santé. L’une des innovations clés réside dans la mise en œuvre d’un système de couverture santé universelle. Cela comprend l’introduction du Chèque santé, un mécanisme de financement pour garantir que tous les Camerounais, même dans les régions reculées, puissent accéder à des soins de santé de qualité.
Le plan met également un accent particulier sur les adolescents et les jeunes en matière de santé de la reproduction. Un volet essentiel du programme est l’accès facilité aux soins prénataux pour les jeunes filles et les adolescentes, qui sont souvent négligées dans les politiques de santé traditionnelles. Cette prise en charge s’accompagne de l’intégration de la lutte contre la malnutrition dans la stratégie globale, avec des mesures concrètes pour réduire la malnutrition aiguë et chronique, encore trop présente chez les nourrissons et les mères.
Une volonté de changement
Au Cameroun, plusieurs initiatives avaient été lancées pour améliorer la santé des mères et des enfants. La Couverture Santé Universelle (CSU) et la prise en charge gratuite du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans font partie des efforts menés ces dernières années. Mais malgré ces progrès, l’accès aux soins reste limité, notamment dans les régions affectées par les crises sécuritaires, comme le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Ce qui distingue le nouveau plan de ses prédécesseurs, c’est la mobilisation d’une approche plus collective. Les crises humanitaires, les défis de la malnutrition et les disparités géographiques n’ont pas été ignorés. Le plan inclut la mise en place de centres de santé mobiles dans les zones de crise et une meilleure organisation des structures sanitaires en zone rurale pour que personne ne soit laissé de côté.
Par ailleurs, l’un des enjeux majeurs reste la malnutrition, qui touche un nombre élevé d’enfants. Le plan entend redoubler d’effort pour éradiquer la malnutrition aiguë et chronique par une série de programmes spécifiques. L’approvisionnement alimentaire des mères et des enfants en situation de vulnérabilité est au cœur de cette nouvelle approche. À côté de cela, la prise en charge des soins de santé de reproduction pour les jeunes est considérée comme cruciale pour réduire les complications liées aux grossesses précoces et aux accouchements à risques.
Une mobilisation générale pour un impact durable
Le plan ne repose pas uniquement sur le gouvernement. Les institutions internationales comme l’OMS, l’UNICEF et l’UNFPA jouent un rôle déterminant dans sa mise en œuvre. Leur soutien, aussi bien technique que financier, est essentiel pour garantir la réussite des interventions prévues. Cette collaboration entre acteurs nationaux et internationaux pourrait bien faire la différence, notamment en matière de suivi et d’évaluation de l’impact des actions menées, pense le Minsanté.
Le succès de ce plan sera jugé à l’aune des résultats dans les années à venir. Si le Cameroun parvient à réduire de manière significative les décès maternels et infantiles d’ici 2030, il aura non seulement honoré ses engagements vis-à-vis des ODD, mais aura aussi fait un pas en avant pour garantir un avenir plus sain à ses enfants.
La mise en œuvre efficace du plan dépendra de l’engagement continu de tous les acteurs et de la capacité du pays à transformer ses promesses en actions concrètes. Il ne s’agit pas seulement de réduire les chiffres, mais de changer durablement la vie des Camerounais. Il faut noter que, dans le cadre du budget 2025, une enveloppe de 297,2 milliards FCFA, soit 4,1 % du budget général, est consacrée au secteur de la santé, contre 257,7 milliards FCFA en 2024.