A Akok Ndoé dans le 7e arrondissement de Yaoundé, une immense pierre suspendue au sommet d’une colline menace le calme et la sérénité apparente des populations vivant en dessous. La façade droite de L’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) donne une vue d’ensemble sur le site. L’accès à cette petite bourgade est un véritable parcours du combattant. Il faut se frayer un passage sur un chemin escarpé parsemé d’herbes, de part et d’autre. La colline qui donne directement accès au site peut décourager plus d’un. La pente de celle-ci avoisine les 45o.
Le climat est de plus en plus froid à mesure que l’on approche du sommet. La dureté de l’épreuve se fait ressentir sur Emilienne, lorsque cette dernière soupire, les mains aux hanches après avoir escaladé près de la moitié du « mont ». Une situation devenue le quotidien des habitants du quartier. Arriver au sommet est une véritable torture pour Suzanne Avozoa, la soixantaine sonnée. Depuis 14 ans, année de son arrivée dans le coin, la doyenne du lieu-dit Djamtari vit avec la crainte de voir l’irréparable se produire.
Nous sommes à l’aise dans ce quartier. Le seul souci, c’est cette colline qui épuise beaucoup. Aussi, il y a la grosse pierre qui est derrière nous, et qui nous fait peur. On n’a pas vraiment le choix. On ne peut plus partir, parce qu’on a déjà construit,
affirme la dame. Les informations recueillies sur le terrain indiquent que les autorités compétentes avaient établi une limite à ne pas franchir avec les habitations. Des consignes ignorées par des populations en quête d’un toit.
Le coût de la vie sur le banc des accusés
Certains riverains justifient cette ruée vers ces zones à risques par le coût de la vie de plus en plus élevé. C’est le cas de Mohamadou Awal, un habitant du quartier qui a été séduit par les coûts abordables du terrain dans cette zone. « On se retrouve ici parce qu’on n’a pas le choix. C’est ici qu’on a pu avoir une parcelle avec les moyens de notre bourse. Les conditions de vie ne sont pas faciles », explique-t-il.
A la Nouvelle route Nkolbisson, toujours à Yaoundé, le constat est le même. Des habitations sont suspendues sur des collines. Depuis six mois, les sites qui abritent les maisons se sont étendus aux zones marécageuses. Le long d’un cours d’eau traversant le quartier, sont installées des maisons. Les fondations de ces bâtisses à peine enfouies dans le sol, suscitent une crainte constante chez les voisins. La terre issue des chantiers de construction de ces lieux de vie gène le passage de l’eau. Plus haut, des maisons sont construites sur des montagnes apparemment impraticables avec les pluies.
Depuis l’axe rond-point MEEC-Carrefour Nkolbisson, l’on peut apercevoir une roche suspendue au sommet d’une montagne. Au centre, de ce qui s’apparente à un creux né de l’activité humaine ou de la nature, des maisons. Une situation qui préoccupe les habitants du quartier.
Tout ceci représente un danger pour nous. Il y a un cours d’eau en bas, à quelques mètres d’ici. Des gens y ont mis des maisons, ce qui bloque le passage de l’eau. Peu importe ce que l’on fera, l’eau va chercher un autre passage. Je suis dans ce quartier depuis 18 ans, mais depuis six mois que ces maisons ont été construites, je crains des inondations et des petits éboulements de ce côté-là,
confie Edwige Pokam, habitante des environs.