Cette procédure, minimalement invasive, a été effectuée avec succès sur un jeune patient présentant une jaunisse et des douleurs abdominales dues à des calculs biliaires bloquant les voies biliaires. Une première nationale, reflet d’un progrès dans les soins de santé. La CPRE (Cholangio-Pancréatographie Rétrograde Endoscopique), est une avancée technologique et médicale pour le Cameroun. Jusqu’à présent, les patients souffrant de calculs biliaires nécessitaient souvent une chirurgie traditionnelle ou une évacuation sanitaire à l’étranger.
Avec cette procédure, l’Hôpital Général de Yaoundé devient un pionnier en matière d’endoscopie interventionnelle, un domaine encore en développement dans le pays. Cette intervention s’inscrit dans un atelier organisé en marge des 26èmes Journées Scientifiques de la Société Camerounaise de Gastro-Entérologie, prévues pour les 17 et 18 octobre 2024. Douze patients souffrant de diverses pathologies digestives ont été sélectionnés pour bénéficier de ces interventions endoscopiques.
Ces patients sont ceux que nous suivons régulièrement pour des maladies de l’appareil digestif. Nous avons choisi deux malades par pathologie en raison du nombre limité de places disponibles,
a expliqué Dr Paul Talla, Hépato-gastro-entérologue, Chef service HGE, Hôpital Général de Yaoundé.
La CPRE, une solution prometteuse pour les calculs biliaires et autres pathologies digestives
Les calculs biliaires sont une pathologie fréquente qui, lorsque situés dans le cholédoque, peuvent entraîner des complications graves, si non traités. L’endoscopie, et particulièrement la CPRE, offre une alternative moins invasive que la chirurgie, avec des résultats immédiats. Selon les médecins de l’Hôpital Général, le recours à cette technique est une première étape vers une prise en charge plus moderne et efficace des pathologies biliaires et digestives.
Nous avons enlevé un calcul qui rendait le patient jaune, et désormais, il est guéri,
a souligné le Dr Dadamessi Innocenti, Hépato-gastro-entérologue et spécialiste en Oncologie digestive, au Centre Hospitalier de Saint-Quentin en France, selon le quotidien Echos Santé.
Un partenariat clé avec la France pour le transfert de compétences
L’apport du Centre Hospitalier de Saint-Quentin en France a été déterminant dans cette avancée. Le Dr Innocenti Dadamessi, hépato-gastro-entérologue et spécialiste en oncologie digestive, a activement participé à l’organisation de ces journées, et à la réalisation des interventions.
Ce partenariat est essentiel pour le transfert de technologies et de compétences. Nous espérons pouvoir le recevoir de nouveau lors de futures missions,
a précisé l’équipe de l’Hôpital Général.
Les équipements utilisés lors de cet atelier, notamment des endoscopes de dernière génération, ont été acquis en partie grâce au soutien du Centre Hospitalier de Saint-Quentin.
Une partie de ces équipements restera au Cameroun afin que l’activité puisse se poursuivre après la fin des journées scientifiques,
a ajouté le chef de service.
Vers une autonomisation des soins de gastro-entérologie au Cameroun
Malgré les progrès réalisés en matière de formation de gastro-entérologues, le Cameroun fait face à un manque criart de plateau technique. Le chef du service de gastro-entérologie de l’Hôpital Général, Dr Paul Tallaa rappelé l’importance d’investir dans des équipements adaptés pour permettre aux spécialistes de pratiquer les techniques qu’ils maîtrisent.
Les populations ont un réel besoin de ces soins, mais nous sommes limités par le manque d’équipements modernes,
a-t-il souligné. La réduction des évacuations sanitaires est un objectif clé de l’Hôpital Général de Yaoundé.
En améliorant son plateau technique et en développant des compétences locales, l’établissement entend offrir aux patients camerounais des soins de qualité sur place, réduisant ainsi le recours au tourisme médical qui est coûteux pour les familles et le système de santé.