C’est un refuge pour les Pamee (Personnes atteintes de maladies mentales et errantes avec la société) : le « Village de l’amour » (VDA). 170 patients sont pris en charge dans ce pavillon de l’hôpital Jamot de Yaoundé. 300 autres sont suivis en communauté. Tous les matins, les pensionnaires débutent leur journée par le nettoyage. Quelques femmes sont désignées pour ranger leurs dortoirs. Même exercice chez les hommes. Le reste des tâches est attribué aux patients restants. Pendant que les uns puisent de l’eau, les autres font la lessive. D’autres encore aident à la cuisson du premier repas de la journée, prévu à 11h, chaque jour. Avec comme condition pour le déguster, terminer ses tâches, se mettre propre et prendre ses médicaments.
Une exigence qui semble déjà ancrée dans les habitudes de ces patients qui s’empressent de s’arrimer à la règle. Ce mode de fonctionnement permet de faciliter le retour des patients à la société, objectif de ce « Village ».
Les responsables de la Communauté urbaine ont jugé que les malades doivent être, soit en famille, soit en milieu hospitalier. C’est donc dans l’optique de redonner de la dignité à ces personnes qui ne doivent pas se retrouver dans la rue que cette initiative a été mise sur pied. Et ; c’est depuis le 27 novembre 2021 que les premiers Pamee ont été amenées,
affirme le Dr. Laure Menguene, psychiatre et responsable du « Village ».
Une prise en charge efficiente
L’institution entend redonner un cadre de vie à ces personnes abandonnées à elles-mêmes pour diverses raisons. Pour ce faire, elle organise régulièrement des descentes dans certains quartiers de Yaoundé. Le but étant de ramener ces personnes dans ce « Village », né de l’initiative du maire de la ville de Yaoundé, en collaboration avec le ministère de la Santé publique. Ces opérations visent à assainir la ville et assurer le bien-être des populations. Depuis 2021, plus de 400 patients ont été réintégrés dans la société. Des résultats obtenus grâce à un suivi efficace.
La prise en charge consiste à humaniser, à resocialiser les patients… Ils arrivent quelques fois incuriques : il faut s’assurer de leur propreté puis, on leur injecte le cocktail (une combinaison de plusieurs molécules) pour les calmer. Ce, pendant trois jours. Après cela, ils se reposent. Ce qui nous permet de réguler leurs humeurs. Trois jours après, nous passons aux médicaments, sur le plan biomédical. Pour ce qui est de l’aspect psychologique et social, nous les écoutons, nous les mettons en confiance, nous les évaluons. Globalement, nous les observons sur le plan clinique. Et, sur le plan social, nous appelons des proches, s’ils ont des contacts. Au cas contraire, ils vivent ici et nous nous en occupons,
explique Aurélie Flore Ngo Bakemhe, psychologue volontaire au VAD.
L’appel à la solidarité
Comme Aurélie Flore, les autres membres du personnel sont bénévoles. Pour être optimal, ils sont répartis en quatre groupes. Lesquels prennent leur service selon un planning préétabli. Aussi, l’organisation est telle que deux psychologues font la garde de nuit et deux autres celle du jour. Malgré ces efforts, les difficultés se font ressentir. Le personnel spécialisé dans les questions de santé mentale fait très souvent face à d’autres affections dont sont victimes leurs patients. Une situation qui complique un peu plus la prise en charge.
Nous avons besoin d’un appui financier pour gérer les problèmes qui se posent au quotidien et pérenniser l’activité. Pourquoi pas un projet de lutte contre les maladies mentales, comme c’est le cas avec toutes les autres maladies ? Il n’y en a pas en santé mentale. Ce serait idéal pour aider nos frères et sœurs. Il faut également que le personnel soit valablement rémunéré,
plaide le Dr Menguene qui appelle à la responsabilité des familles dans le processus de prise en charge des Pamee.