« Lutter contre le paludisme dans les pays les plus durement touchés par la maladie ». Était le thème de la conférence des ministres de la santé des pays les plus impactés par le paludisme, qui s’est tenue le 6 mars à Yaoundé. Il était question pour les différents gouvernements d’évaluer les progrès accomplis dans la réduction du fardeau mondial du paludisme, ainsi que les défis tels que la résistance aux insecticides et aux médicaments, l’accès inadéquat à des soins de santé de qualité et les limitations de financement.
L’engagement pris par les représentants des 12 pays concernés, à travers la Déclaration de Yaoundé repose sur sept différentes actions : renforcer la volonté politique pour l’augmentation des ressources nationales consacrées à la lutte contre le paludisme; assurer l’utilisation de l’information à des fins stratégiques; fournir de meilleures orientations techniques; renforcer la coordination et l’action multisectorielles; renforcer les systèmes de santé nationaux; établir des partenariats fondés sur la collaboration pour la mobilisation des ressources, la recherche et l’innovation et garantir l’existence d’un mécanisme efficace de responsabilisation concernant le paludisme.
Paludisme, une réelle préoccupation pour l’Etat camerounais
Le paludisme est la maladie endémique la plus répandue au Cameroun, D’où, le choix de la tenue de cette conférence dans ce pays. D’après les statistiques nationales de 2015, 19% des décès en établissements de santé étaient imputables au paludisme et 48% de toutes les admissions à l’hôpital étaient dues à une suspicion de paludisme grave. Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a augmenté de 3,8%, passant de 250 à 260 pour 1000 habitants à risque. Durant la même période, le taux de mortalité a légèrement augmenté de 0,8%, passant de 0,55 à 0,56 pour 1000 habitants à risque. Moins de 30% des enfants qui présentaient de la fièvre ont eu un test de dépistage du paludisme.
Le gouvernement camerounais a fait de la lutte contre le paludisme une priorité, notamment dans sa Stratégie nationale pour le secteur de la santé, ainsi qu’à travers l’adoption de l’exercice de stratification « High Burden to High Impact » (D’une charge élevée à un fort impact) dans le Plan stratégique national de lutte contre le paludisme. A date, une nette amélioration est observable. Selon le Premier ministre du Cameroun qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cette conférence internationale, Joseph Dion Ngute, « dans ce registre, le taux de couverture est passé de 86 à 90% sur une période allant de 2016 à 2023. Notre pays met en avant, la chimio prévention pénale chez les nourrissons. A ces interventions, les résultats sont palpables. Il faudra y adjoindre la prise en charge gratuite du paludisme sain et compliqué chez l’enfant de 0 à 59 mois ».
Le Cameroun ambitionne par ailleurs, l’introduction de la vaccination contre le paludisme dans le programme élargi de vaccination. Afin de réduire le poids de cette maladie, notamment sur les populations cibles que ce sont les enfants et les femmes enceintes.
À propos de la Conférence ministérielle
La conférence ministérielle sur le paludisme réunissait les ministres de la Santé et des hauts fonctionnaires des pays vulnérables au paludisme. Elle a offert aux participants une occasion unique d’établir une feuille de route pour un engagement politique et sociétal accru dans la lutte contre le paludisme, avec un mécanisme de responsabilisation clair.
Adoptée par l’Assemblée mondiale de la santé en mai 2015, la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 (communément appelée la Stratégie) vise à réduire d’au moins 90%, le taux de mortalité palustre par rapport à la situation de référence en 2015 ; réduire d’au moins 90% l’incidence du paludisme par rapport à la situation de référence en 2015 ; éliminer le paludisme au moins dans 35 pays où la maladie était endémique en 2015 et prévenir la réapparition de la maladie dans tous les pays exempts de paludisme. Ces cibles sont alignées sur l’objectif 3 de développement durable (Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge) et sur la cible 3.3 des ODD, qui appelle à mettre fin au paludisme et autres maladies transmissibles, d’ici 2030.
Malgré ces efforts, la traduction des engagements politiques en ressources et en actions se heurte à des difficultés, comme en témoigne la cible non atteinte de la Déclaration d’Abuja, puisque la part du budget alloué à la santé au Cameroun n’a jamais dépassé les 7%.