La pneumonie est la troisième cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans au Cameroun. Un chiffre qui révèle une crise grave de santé publique. En 2019, environ 6 500 enfants en sont décédés, selon les données du Programme Elargi de Vaccination (PEV). Malgré les efforts de vaccination, seuls 70% des enfants sont actuellement protégés contre cette infection, bien en dessous de l’objectif de l’OMS qui recommande une couverture de 90% pour une protection optimale.
Causée par des bactéries comme Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae type b (Hib), la pneumonie, comme l’expliquent les médecins, se transmet par voie aérienne, souvent dans les milieux à forte densité de population et à conditions sanitaires précaires. La malnutrition, la pollution de l’air intérieur due aux foyers de cuisson, et l’absence d’infrastructures de santé adaptées rendent les jeunes enfants encore plus vulnérables, en particulier dans les régions rurales et périurbaines.
Les conséquences de la pneumonie ne se limitent pas aux décès. Les frais d’hospitalisation et les traitements pèsent lourdement sur les finances des familles, avec des coûts pouvant représenter plus de 20 % de leurs revenus annuels. Cette pression financière accroît la précarité des ménages et impacte la productivité des parents, souvent contraints de s’absenter du travail. Les infrastructures de santé du pays, déjà sous tension, peinent à répondre aux besoins en soins liés à cette maladie.
Prévention : mesure clé, mais jusque-là insuffisante
Le vaccin antipneumococcique (PCV13) et le vaccin contre Hib sont les outils les plus efficaces pour prévenir la pneumonie chez les enfants. Cependant, des obstacles financiers, un accès limité aux centres de santé dans les régions éloignées, et une faible sensibilisation entravent la couverture vaccinale nationale. Outre la vaccination,
améliorer l’accès à des foyers de cuisson moins polluants, à une nutrition de qualité et à une hygiène de vie saine sont autant de mesures nécessaires pour réduire les risques,
indiquent les experts.
Pour freiner cette épidémie, une amélioration de la couverture vaccinale, un meilleur accès aux soins et une sensibilisation accrue de la population sont essentiels. La formation de personnel médical communautaire et un financement supplémentaire pour les familles à faibles revenus pourraient apporter des réponses durables aux défis actuels.
La pneumonie demeure une « menace silencieuse » qui, sans action coordonnée et continue, continuera de causer des pertes humaines et de mettre en péril le développement du pays. En cette Journée mondiale de la pneumonie, il est crucial de rappeler l’importance de la prévention et de la mobilisation pour offrir un avenir plus sûr et plus sain aux enfants camerounais.