Kaptue Tamo avance péniblement vers la salle des cérémonies de la mairie de Douala 5ème, réaménagée ce jeudi en salle d’accueil d’hôpital. Malgré sa petite corpulence, le poids de l’âge lui pèse dessus. Il marche en s’appuyant sur une béquille qu’il tient de la main droite. A 74 ans, il n’a plus la santé de fer, ni l’énergie d’un jeune homme flamboyant. nous confie-t-il, avant de s’asseoir sur l’une des chaises en plastique blanches, aux côtés de dizaines d’autres patients. Parmi ceux-ci, un homme amputé d’une jambe. Les orteils de l’autre jambe saignent sous l’effet des varices qui les dévorent.
Kaptué Tamo n’a pas hésité lorsqu’il a été informé du déploiement d’équipes médicales à la mairie de Douala 5ème. Sa présence ici se justifie par son souci de réaliser des économies sur les montants qu’il dépense régulièrement pendant ses visites médicales ordinaires. « J’ai été très bien reçu. Si ça se passait toujours ainsi, ce serait très bien », soupire le septuagénaire. Ici, à la mairie, les consultations sont gratuites.
C’est ce qui justifie que la cour de la mairie soit bondée de monde, des patients réels ou potentiels, qui se succèdent devant les différents services d’accueil aménagés sous des chapiteaux dressés. Les visiteurs affichant l’apparence de personnes saines sont venus faire leur bilan de santé. La quasi-totalité des spécialités médicales sont mobilisées, de la cardiologie à la gastroentérologie, en passant par la néphrologie ; la neurologie ; la pneumologie ; la pédiatrie ; la chirurgie ; l’ORL ; la stomatologie, etc. Les gynécologues sont également présents pour les consultations spécialisées aux côtés de leurs collègues de la médecine générale et paramédicale.
A mon âge, il y a beaucoup de bobos : j’ai les nerfs, la tension et les problèmes de vue.
Atteindre la communauté et lever les tabous
Le but, c’est surtout d’atteindre la communauté qui est l’une des missions de l’hôpital général. C’est d’apporter des soins gratuits à la communauté, parce que la conception que la population a de l’Hôpital général, c’est celle d’un hôpital élitiste, donc de référence, pour ceux qui ont des moyens. Et, depuis trois ans, nous allons vers les populations, nous déportons tout un hôpital, c’est-à-dire, fait des médecins, généralistes, spécialistes et paramédicaux auprès des populations pour les soigner gratuitement,
explique la Professeure Marie-Patrice Halle, cheffe du département de Médecine et Spécialités à l’Hôpital général de Douala. Coorganisée par l’Hôpital général de Douala et la commune d’arrondissement de Douala 5ème, dans le cadre de la fête du travail, la campagne a débuté depuis le mercredi, 24 avril et elle a duré trois jours. Émile Nganwa, un habitant de Makèpè Missokè, salue pour sa part la bonne organisation de cette troisième édition de la campagne de santé gratuite :
Il y a un engouement de la population au fil des ans. Je suis là depuis la première campagne et on en est à la troisième. Cette fois-ci, elle a été très bien organisée parce que, pour la première fois, il y a eu le don de sang et les stands sont bien faits avec des gens pour gérer les patients.
En trois jours, 1270 personnes ont été reçues par les équipes médicales.
Petite chirurgie gratuite pour des cas éligibles
Le programme de cette troisième édition de la campagne communautaire santé gratuite intègre les activités de sensibilisation et de dépistage.
Ça portait notamment sur les maladies cardiovasculaires, surtout les facteurs de risque tels que l’hypertension artérielle, le diabète ou l’obésité. Nous avons aussi dépisté les maladies transmissibles telles que l’hépatite virale B, l’hépatite C, le VIH. A côté de ça, nous avions aussi une innovation, c’est-à-dire le dépistage de l’anémie et le paludisme, et la sensibilisation sur le planning familial. J’allais oublier les maladies rénales qui font partie de l’activité de sensibilisation et de dépistage,
explique la Professeure Halle. Le 2ème volet de la campagne consiste en la prise en charge du malade. La principale particularité de cette édition est la prise en charge des patients consultés à la mairie et nécessitant la petite chirurgie. Ceux d’entre eux qui sont déclarés éligibles à la petite chirurgie iront se faire opérer gratuitement à l’Hôpital général de Douala.