Au quartier Nsam dans le 3e arrondissement de la ville de Yaoundé, Sonia Kouepou, habitante du quartier, raconte son calvaire depuis bientôt deux ans. Elle vit dans le voisinage des snacks bars qui poussent désormais tels des champignons dans les métropoles camerounaises.
C’est mon mari qui avait trouvé cette maison, je ne savais pas que ce quartier était pollué de buvettes comme vous pouvez vous-mêmes constater. C’est pénible de vivre ici, surtout à partir de 19 heures. De lundi à vendredi, il y a de la musique,
rapporte-t-elle.
Sonia et sa famille ont du mal à fermer l’œil de la nuit, du fait du vacarme de leurs voisins. Outre les propriétaires de ces débits de boissons, elle pointe surtout un doigt accusateur sur les autorités administratives, qui selon elle, n’appliquent pas les textes en vigueur dans le cadre des nuisances sonores.
Ces situations laissent croire que le Cameroun serait devenu un État de non droit comme le stipulent plusieurs rapports de l’ONU. Pourtant, il existe bel et bien une loi qui régit la nuisance sonore au Cameroun. Mais vous allez remarquer que vers 22 heures quand les policiers passent, ils voient le gérant, puis ils s’en vont, et rien ne change. Je ne veux pas dire ce que tout le monde sait déjà, mais vous savez de quoi je parle,
fulmine-t-elle.
En effet, il existe bel et bien un arrêté du Premier ministre du 24 août 2011 avec qui règlemente la nuisance sonore. Seulement, certaines personnes continuent de déplorer le fait que cet arrêté ne soit pas respecté.
« Dieu aime la louange et l’adoration, et ça se fait avec des instruments »
À Ebolowa, au Sud du pays comme dans d’autres grandes villes du pays, toutes les églises de réveil sont dotées d’un orchestre qui accompagne les activités au programme : culte, adoration, délivrances et nuits de prières. Dans un élan de guéguerre, de rivalité spirituelle et du sensationnel, ces maisons de culte ont des chants assourdissants. La raison,
chanter, c’est prier deux fois,
se défendent-elles.
Un véritable calvaire pour les riverains.
Les enfants ne peuvent plus étudier sereinement. Des fois, ma fille se plaint de violents maux de tête le matin, parce qu’elle n’arrive pas à trouver le sommeil la nuit,
se plaint Olivier Etounou.
Comme nous partagions le même compteur électrique jusqu’à une époque, ce dernier pouvait sauter 10 fois en une soirée, à cause de nombreuses manipulations que lui imposaient le pasteur et ses ouailles,
poursuit-il.
Un soir, indique un autre riverain Romuald Kuissa, fatigué de déserter son domicile pour ne pas subir le brouhaha imposé à sa famille, il va se plaindre auprès de l’homme de Dieu à l’origine de ses déboires. Ce jour-là, ce ne sont pas les chants et les prières des fidèles qui font problèmes. Mais plutôt les cris d’une jeune fille supposée être possédée par les mauvais esprits. Et que le pasteur et quelques ouailles bastonnent pour l’extirper des mains du diable.
Je lui ai demandé s’il savait au moins qu’il avait des voisins qui ont envie de dormir. Il m’a dit : je m’en fous, au nom du seigneur,
raconte-t-il.
Les mosquées ne sont pas en reste. Bien qu’elles soient une sorte d’horloge pour les uns, elles sont aussi des fauteurs de trouble de voisinage. Ce, d’autant qu’elles émettent à de très grandes distances et à des heures tardives, ce qui empêche à de nombreuses familles de passer des nuits paisibles.
L’on n’oublie pas certains chauffeurs de taxis qui battent des records sur la production des bruits en pleine chaussée. Ils s’illustrent par l’amour des klaxons. À côté d’eux, il y a les vendeurs ambulants avec des baffles et autres appareils sonores. La pollution sonore en écho d’ambiance est une véritable gangrène qui interpelle les autorités publiques.