C’est donc un appui financier conséquent que vient de recevoir l’UNICEF au Cameroun. Il s’agit d’une subvention de 10 millions d’euros (6,5 milliards de FCFA) de la KfW, la Banque allemande de Développement pour améliorer l’état de santé et de nutrition de 336 580 enfants de 0 à 59 mois, 316 490 adolescents (dont 65 % de filles adolescentes) et 575 300 femmes enceintes dans les régions vulnérables du Cameroun. Notamment l’Est, l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord.
Comme le précise un communiqué de presse du 22 avril 2025, ce programme vise à réduire la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans, à garantir que les jeunes femmes et les mères aient accès aux ressources nutritionnelles pour prévenir la malnutrition et les carences en micronutriments, et à améliorer l’accès aux services de santé reproductive autodéterminés.
Selon Nadine Perrault, Représentante de l’UNICEF au Cameroun,
Cette contribution cruciale de la KfW aidera l’UNICEF à garantir que les enfants des régions de l’Est, de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun reçoivent la protection, les soins et la nutrition dont ils ont besoin pour survivre et s’épanouir malgré la crise en cours
a-t-elle déclaré.
Ce programme aura comme axes majeurs : les conseils sur la nutrition maternelle, infantile et des jeunes enfants (MIYCN) dans les soins prénatals et postnatals, y compris la mise en place de systèmes de protection sociale communautaires pour les femmes ; la prévention de l’anémie ferriprive pendant la grossesse, grâce à la supplémentation en fer et en acide folique (IFAS) et au déparasitage des filles adolescentes.
Mais aussi, la promotion et soutien de l’allaitement maternel exclusif et de l’alimentation complémentaire pour les enfants de 6 à 23 mois ; la supplémentation en vitamine A et déparasitage pour les enfants de moins de 5 ans ; la détection précoce, orientation et traitement de la malnutrition aiguë sévère. Sans oublier la prévention des grossesses précoces chez les adolescents et les jeunes ; la promotion et soutien aux services de santé reproductive dans les soins prénatals et postnatals dans les communautés et la participation et engagement civique des filles adolescentes dans les plateformes de soutien.
La malnutrition : un problème sérieux
Selon l’UNICEF, la malnutrition chez les jeunes femmes est un problème sérieux dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est. Alors que 6,1 % des femmes sont malnutries au niveau national, la prévalence augmente à 16,3 % et même 17,8 % dans les régions de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord respectivement, selon les données de l’EDS 2018. L’anémie chez les filles adolescentes est également un problème majeur, tout comme les grossesses précoces qui affectent l’état de santé des nouveau-nés. Le pourcentage d’enfants en bas âge souffrant de retard de croissance varie de 37 % dans les régions de l’Est et de l’Extrême-Nord à 41 % dans le Nord.
La malnutrition touche à la fois les réfugiés et les femmes et enfants camerounais vivant dans les communautés hôtes. Sur les 353 000 réfugiés fuyant l’insécurité en RCA accueillis au Cameroun, 94 % vivent dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Est. Cette situation exerce une pression significative sur les ressources naturelles, les terres et les services sociaux de base dans les zones d’accueil.
Dans la région de l’Extrême-Nord, précise l’UNICEF, les crises sécuritaires restent la principale cause des déplacements. Les personnes déplacées à l’intérieur du pays vivent soit avec des familles d’accueil, soit dans des camps spontanés. Cette région du bassin du lac Tchad abrite également 115 000 réfugiés nigérians, dont 75 000 vivent dans le camp de réfugiés de Minawao, dans la division de Mayo-Tsanaga.
En 2023, 8 290 personnes (dont 72 % d’enfants et 20 % de femmes) sont arrivées au centre de transit de Gourenguel. La région de l’Extrême-Nord est au carrefour de routes de communication importantes entre le Cameroun, le Tchad, le Nigeria et le Niger, marquées par des défis sécuritaires. Cette crise affecte profondément l’accès à la nourriture et aux services de base pour les mères et les enfants.