Noel Clinton, 32 ans, fait preuve d’une résilience rare. Depuis quelques années, il consacre ses journées à la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux et aux sans-abris. Un engagement social né de son expérience personnelle. Alors qu’il n’avait que 21 ans, le jeune homme a été arrêté pour vol. Cette arrestation fut la première de nombreux séjours dans les prisons du Cameroun. Ces centres de détention ont été le lieu de sa rencontre avec Dieu.
Depuis lors, il a changé. Avec comme reconversion, aider ceux qui, comme lui, connaissent la souffrance et la marginalisation. Il a fait de ce nouvel objectif, son combat quotidien. Tous les jours, il parcourt les rues, offrant repas ; couvertures ; vêtements ; chaussures ; kits de toilettes, mais surtout, une écoute attentive à ceux que la société « a rejetés ». Son propre passé douloureux l’a doté d’une empathie profonde. Il comprend leur douleur, leurs luttes, leur vécu.
Je n’ai pas de famille. Ma famille, c’est ces personnes de la rue dont je m’occupe avec le peu que Dieu me donne. Ceux qui ont besoin d’être lavés et coiffés, je le fais parce que c’est eux ma famille. Je sais ce qu’ils traversent, parce que j’étais dans la même situation. Si aujourd’hui Dieu m’a béni, pourquoi ne pas les aider ?,
S’interroge Noel.
Avec le peu de ressources dont il dispose, Noel Clinton est devenu un symbole d’espoir pour beaucoup. Toutefois, il ambitionne de réunir ces personnes défavorisées sous un toit.
Je ne demande rien à personne, si les âmes de bonne volonté apprécient ce que je fais, ils peuvent m’aider avec une tondeuse ou même des habits. J’ai en projet de créer un petit centre pour aider mes frères et sœurs abandonnés à eux-mêmes,
rajoute-t-il.
Son travail est difficile, mais le désir de prendre soin de ses semblables est plus grand. Face à la difficulté, Noel Clinton s’est très souvent demandé si son action n’est pas vaine. Des interrogations empruntes de doutes qui ont fait naître dans l’esprit du jeune bienfaiteur, l’idée d’abandonner son « sacerdoce ». Cependant, le sourire sur le visage des personnes qui bénéficient de ses services luit comme un « rappel à l’ordre ».
Je sais qu’ils peuvent être imprévisibles, mais je me vois en eux. J’jusqu’à présent, j’ai une dent qui bouge. Quand je prenais soin d’un malade mental à Bafang, il m’a donné une claque. Malgré tout, j’ai continué. Nous sommes tous les produits de circonstances que nous n’avons pas choisies,
a-t-il laissé entendre.
A l’entendre, Noel Clinton ne recherche, ni reconnaissance, ni gloire. Pour lui, chaque sourire arraché à la détresse est une victoire. Le slogan qui guide ses ses actions au quotidien : « c’est Dieu, la star », en témoigne.
Né dans un quartier défavorisé de la ville de Nkongsamba, il a perdu ses parents à l’âge de 10 ans. Cette tragédie l’a précipité dans les rues de sa ville natale. Une période marquée par la survie, la faim et la peur. Les rues, avec leurs dangers et leurs dures réalités, sont alors devenues son quotidien.
J’ai vécu dans la rue, je n’avais pas de famille après la mort de mes parents, mes oncles nous ont arrachés la maison sans rien, je ne savais vers qui me tourner, je me suis lancé dans la rue,
dit-il.
Le parcours de Noel Clinton est celui d’un jeune homme qui, contre toute attente, a transformé son passé sombre en une lumière pour les autres. Une lumière qui, chaque jour, guide ses pas dans les rues où tout a commencé pour lui.