2017. Aboubakar Fouyong a sept ans, l’âge de l’insouciance. Comme tous les jeunes de son âge, il consacre ses journées à l’école et aux loisirs. Ses trois frères et sœurs sont ses compagnons de jeu. Cette ambiance joyeuse a laissé place à la tristesse depuis un après-midi de 2017. Lors de l’une de ses habituelles séances de divertissement, l’adolescent de 14 ans aujourd’hui, glisse sur les carreaux et sa jambe gauche subit un choc. Un « examen rapide » de Latifatou Ahmadou, sa mère révèle le déplacement de la rotule.
Les efforts de soins sont alors concentrés sur ce seul mal apparent. Cependant, les dégâts causés par l’accident s’étendent jusqu’aux hanches. Le constat a été fait lorsque Aboubakar Fouyong a développé une scoliose dorsolombaire. Depuis lors, Aboubakar Fouyong fait le tour des hôpitaux avec sa génitrice. Ce « pèlerinage hospitalier » a conduit Latifatou Hamadou et sa famille à Yaoundé, loin de son lieu de résidence (Douala), où, chaque jour, elle rencontre des spécialistes. Son seul espoir, offrir un avenir meilleur à son fils.
Après avoir fait le tour des hôpitaux de Douala, je suis arrivé à Yaoundé pour qu’on prenne mon fils en charge au Centre des handicapés. De là, on m’a envoyé à l’Hôpital central. Nous sommes même allés à l’Hôpital général. On ne me connait pas dans quel hôpital ici ?,
s’interroge Latifatou Ahmadou, la mère célibataire qui élève ses quatre enfants depuis l’abandon du foyer par son mari.
Le parcours du combattant d’Aboubakar
C’est au quartier Mimboman à Yaoundé que la dame lutte pour la survie de son enfant. L’équipe d’Album Social est allée à sa rencontre au domicile d’une connaissance qui l’héberge depuis son arrivée dans la capitale camerounaise. Dans cette habitation, la famille de cinq membres occupe une chambre d’environ trois mètres carrés. Le jeune Aboubakar ne s’apitoie pas sur son sort, même s’il est incapable de faire ses besoins sans l’aide d’un tiers. La bouteille d’un litre posée au chevet de son lit lui sert d’urinoir.
Depuis son diagnostic, le jeune homme a été contraint de quitter l’école. Depuis lors, il consacre ses journées à la lecture et aux jeux de société. Au moment où les reporters d’Album Social le rencontrent, l’adolescent est concentré sur sa tablette. Son occupation du moment, un jeu vidéo : le Subway surfers. Son attitude témoigne de son désir de recouvrer la santé afin de réaliser ses rêves.
Je fais l’effort de penser à autre chose. Je voudrais être médecin plus tard pour aider des personnes qui sont dans ma situation. J’ai très mal. Je voudrais remarcher. Aller à l’école. S’il vous plaît, aidez-moi pour que je puisse continuer mes études,
supplie Aboubakar Fouyong.
Courageux et déterminé, Aboubakar est retourné à l’école, il y a trois ans. La douleur et la souffrance causées par son handicap ne l’ont pas empêché d’obtenir son Certificat d’études primaire (CEP). Ses conditions de vie affectent le quotidien du reste de la famille. Face aux efforts pour se déplacer et à son cri à l’aide, sa jeune sœur fond en larmes. La mère, impuissante, qui assiste à la scène succombe à la tristesse de ses enfants. Des larmes s’échappent alors des yeux des membres de cette famille qui ne demandent que réconfort.
Jusqu’ici, je n’ai encore reçu aucune aide. J’aimerai obtenir une évacuation sanitaire pour son cas. Je n’exerce aucun métier, je ne fais plus rien. J’ai dépensé mes économies depuis 2017 pour sa prise en charge. Je n’ai plus les moyens, ni d’avancer, ni de reculer,
crie à l’aide Latifatou Ahmadou.