Élève au Collège Polyvalent Bias, cet enfant a poignardé à mort son père, espérant ainsi être réuni avec sa mère, dont il était séparé depuis des années. Selon les témoignages, son acte, guidé par une naïveté déchirante, visait uniquement à blesser son père pour qu’il soit hospitalisé. La tragédie s’est amplifiée lorsque, après avoir été arrêté, le garçon a assisté à l’effondrement de sa mère venue sur les lieux. En effet, ces dernières années, plusieurs cas similaires ont été enregistrés, traduisant un mal-être croissant parmi les jeunes.
Cette violence interpelle sur l’environnement familial et social dans lequel grandissent ces enfants. Pour la psychologue, Sonia Kouepou,
Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que, les enfants sont très attachés à leurs parents. Dès le ventre de la mère, l’enfant a déjà un contact affectif avec sa mère, et après la naissance, ce contact se renforce avec ses deux parents et favorise l’éducation
explique-t-elle.
Par ailleurs, ajoute-t-elle, c’est l’amour que les parents donnent à leur enfant qui fait en sorte que ce dernier soit réceptif à leur éducation.
Aujourd’hui, nous avons des familles où l’amour et l’éducation ne sont plus les fondements .Un enfant qui ne se sent pas écouté dans sa famille aura tendance à se rebeller, à avoir des écarts, et essayera toujours de faire le contraire de ce que l’on lui demande de faire.,
renchérit-elle.
La situation soulève aussi des interrogations sur les modèles familiaux. L’augmentation des familles monoparentales, souvent marquée par des conflits entre parents, exacerbe le sentiment d’abandon chez les enfants. Egalement pense Sonia Kouepou:
Aujourd’hui, certains parents se vantent d’avoir à éduquer leurs enfants seuls sans l’aide du conjoint. Mais généralement, cela a des conséquences que l’on ne peut percevoir que sur le long terme, car les querelles et divisions affectent l’enfant qui parfois n’a pas son mot à dire, et il se retrouve à adopter des comportements déviants, juste pour manifester sa tristesse, sa colère et cela peut l’entraîner à commettre l’irréparable,
explique-t-elle.
A la question de savoir si seulement la séparation des parents peut pousser un enfant à commettre des actes atroces, la psychologue répond
oui effectivement, car l’enfant est un naïf, impulsif, venu l’âge de l’adolescence, il prend en force physique. Les hormones se développent, et le caractère aussi, ajouté à notre contexte social qui est devenu assez brutal, avec des scènes de violence constante, il n’est pas étonnant de voir de tels actes, c’est juste une résultante de la détérioration de la cellule familiale et de notre société,
décrie-t-elle.
Au-delà de ces drames, il est urgent de réfléchir à des solutions structurelles.
Les éducateurs, les familles et les institutions sociales doivent collaborer pour renforcer les mécanismes de prévention et d’accompagnement des jeunes en détresse, pensent des observateurs avertis de la scène sociale. Une meilleure sensibilisation à l’importance de la santé mentale, couplée à des interventions précoces, pourrait limiter ces comportements, précise-t-on. Le drame de Bafoussam devrait être un signal d’alarme pour la société camerounaise. Il ne s’agit pas seulement de juger ces actes, mais de comprendre et d’agir pour construire un environnement où les enfants, quelle que soit leur situation familiale, puissent grandir avec sérénité et espoir.