C’est un phénomène qui a tout l’air d’une hydre, difficile à encercler. La vente des faux médicaments et le trafic illicite des produits pharmaceutiques constituent un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics, l’ensemble des acteurs de la filière médicaments et les consommateurs. Surtout, le jeu du chat et de la souris que se livrent les pouvoirs publics et les vendeurs des médicaments à la sauvette, ne donne aucun résultat probant visant à mettre à l’abri les populations contre les conséquences des faux médicaments.
L’on se souvient encore par exemple, 11 octobre 2023, en prélude à la Journée africaine de lutte contre le faux médicament qui se célèbre le 12 octobre de chaque année, le Dr Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique, quelques-uns de ses plus proches collaborateurs et le président de l’Ordre national des pharmaciens, étaient à la rencontre à la rencontre des vendeurs à la sauvette de médicaments officiants dans les marchés de la ville de Yaoundé, notamment au marché central et au marché Mokolo, pour sensibiliser ces acteurs. Malheureusement, ils ont fait face à des comptoirs complètement vidés ou presque. Les propriétaires ayant pris la poudre d’escampette, alertés par les sirènes, certains abandonnant leurs produits dans la fuite.
Cette fois-ci, c’est le Collectif des Associations de défense des droits des consommateurs des médicaments au Cameroun (CGAICC) qui monte au créneau et annonce un vaste contre la vente des faux médicaments et le trafic illicite des produits pharmaceutiques. Pour ce collectif dit assister à une mort programmée des consommateurs des médicaments, du fait de la tolérance administrative, qui à leur avis, constitue un frein au développement économique et une insécurité grandissante.
Les récriminations des Associations des droits des consommateurs
C’est un chapelet de récriminations que fait le CGAICC aux pouvoirs publics. Il leur est, entre autres, reproché la vente des médicaments dans les rues, les marchés, en face des pharmacies, devant les hôpitaux, dans les centres de formation sanitaire privés et clandestins ; l’approvisionnement des médicaments dans les marchés, dans les rues, dans les formations sanitaires privées et clandestines par les délégués médicaux et les pharmaciens ; la vente des produits psychotropes par les pharmaciens et les délégués médicaux sans ordonnance et sans autorisation. Mais aussi, la vente des médicaments fabriqués localement que ceux issus des importations ; la vente des médicaments contrefaits ou périmés, provenant de la contrebande ; le détournement des médicaments dans les centres de formation sanitaires publics par les agents de santé ; l’absence d’un système fiable de traçabilité des médicaments, etc.
Les propositions du collectif
Les associations des consommateurs des médicaments croient savoir ce qu’il faut faire pour endiguer ce phénomène. Et surtout, menacent les pouvoirs publics, si rien de concret n’est fait, d’intensifier ce mouvement d’humeur devant le ministère de la Santé publique et ses démembrements sur l’ensemble du territoire national. En termes de propositions de solutions donc, ce collectif demande la réactivation des comités régionaux, départementaux et d’arrondissement ; l’intensification de la lutte contre la vente des médicaments de la rue, les médicaments périmés, les médicaments provenant de la contrebande, les médicaments contrefaits ; l’identification de toutes les personnes vendant les médicaments sans être autorisées ou agrées, les interpeler et les traduire par devant le Procureur de la République ; leur implication dans les campagnes de grande sensibilisation, de la masse critique, l’éducation, la formation et même le recyclage sur les différents dangers liés à la consommation des médicaments vendus dans la rue et même les médicaments contrefaits. Mais aussi, la création d’un numéro vert qui permet de porter la dénonciation sur toute l’étendue du territoire national ; l’identification de tous les membres du gouvernement, les hauts commis de l’Etat, les magistrats, les autorités administratives et municipales, les forces de maintien de l’ordre impliqués dans le trafic des faux médicaments, l’importation des médicaments, les médicaments contrefaits et bien d’autres, etc.