La tuberculose demeure une préoccupation majeure de santé publique au Cameroun. Selon le Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT), 25 705 cas ont été notifiés en 2023, contre 22 866 en 2021, soit une augmentation de 12,5 %. Cette hausse est attribuée à l’approche de « recherche active des cas », impliquant divers acteurs de la pyramide sanitaire, et renforçant le dépistage à toutes les portes d’entrée du pays.
Le PNLT vise à atteindre, 30 000 patients dépistés de tuberculose en 2025 et 32 000 en 2026. Pour cela, l’une des stratégies consiste à intensifier la recherche active des cas sur le terrain avec l’aide des acteurs communautaires, partenaires techniques et financiers. Parmi les cas notifiés en 2023, 1 445 (5,6 %) concernaient des enfants de moins de 15 ans, et 181 étaient des cas de tuberculose multi résistante. La population carcérale, cible prioritaire du PNLT, a enregistré 700 cas suivis dans les différentes prisons du pays. Par ailleurs, selon les données du PNLT, la co-infection VIH-tuberculose est en baisse, autour de 17 %, avec 96 % des patients mis sous antirétroviraux.
Le gouvernement camerounais a déployé un arsenal technologique pour contrer la tuberculose. D’après le ministère de la Santé publique, le pays dispose désormais de 80 machines GeneXpert, des outils indispensables pour un diagnostic rapide et précis. Par ailleurs, 292 microscopes répartis dans 327 centres de diagnostic permettent une couverture nationale renforcée. Selon ce ministère, le gouvernement assure la gratuité des médicaments antituberculeux, manifestation de la volonté de conforter les politiques de gratuité aboutissant à la Couverture Santé Universelle.
Des campagnes de sensibilisation et de dépistage se multiplient. Des projets comme l’APRECIT (Amélioration de la Prise en Charge de l’Infection Tuberculeuse) mobilisent acteurs communautaires, personnels de santé et partenaires internationaux pour toucher les populations les plus exposées. Le territoire camerounais n’est pas touché de manière homogène. D’après une étude publiée par l’Urgentiste, près de 60 % des cas se concentrent dans quatre régions stratégiques : le Littoral, le Centre, l’Extrême-Nord et le Nord. Par exemple, Douala enregistre environ 4 534 cas, tandis que l’Extrême-Nord en compte 4 282, Yaoundé 3 503 et le Nord 2 891. Selon les données du PNLT, ces populations nécessitent une attention particulière, car elles représentent des foyers de transmission susceptibles d’alimenter l’épidémie.
Défis persistants et mobilisation des ressources
Malgré ces avancées notables, des défis importants subsistent. Selon une étude récente de l’Urgentiste, près de 50 % des cas de tuberculose restent non notifiés, révélant l’existence d’un réservoir caché qui compromet l’efficacité des stratégies actuelles. La disponibilité des ressources financières demeure également un frein majeur à la consolidation des acquis. Les experts soulignent également la nécessité d’améliorer la maintenance des équipements diagnostiques et la formation continue du personnel médical, afin d’optimiser la détection et le suivi des patients. La lutte contre la tuberculose multi résistante requiert, quant à elle, une approche innovante et une coordination renforcée entre les acteurs nationaux et internationaux.
D’après le ministère de la Santé publique, la lutte se poursuit sur plusieurs fronts. Des efforts sont en cours pour renforcer la notification des cas, améliorer la maintenance des équipements de diagnostic et assurer un suivi rigoureux des patients. Selon le Dr Manaouda Malachie,
il nous faut intensifier la recherche de cas et investir dans des campagnes de prévention ciblées pour atteindre l’objectif d’élimination d’ici 2035,
précise-t-il.
La tuberculose n’est pas une fatalité. Les citoyens, les professionnels de santé et les partenaires internationaux doivent rester mobilisés. La lutte continue, pour aujourd’hui et pour demain…