Comment la petite Suzy Bonda, tout juste âgée de 12 ans, est-elle parvenue à recouvrer la guérison après un peu plus de six ans de lutte contre le néphroblastome métastatique en phase 4 dont elle a souffert ? La question est au cœur d’un ouvrage d’une centaine de pages, dont l’auteure n’est autre que la génitrice de l’ancienne patiente. Dans « La Parenthèse douloureuse », un essai paru chez MAÏA , en France, la Franco-camerounaise, Adrienne Bonda retrace, grâce aux notes qu’elle a consignées dans son journal intime, le parcours de soins de sa fille, atteinte de ce redoutable cancer « qui était en phase terminale ».
C’était le rein gauche qui était atteint, avec des métastases pulmonaires, et bien d’autre part dans le corps. Elle a eu deux ans de soins très intensifs. On a eu plusieurs chimio, plus d’un an de chimio. Ensuite, elle a eu une opération qui a consisté à enlever ce qu’il restait de la masse, et elle a été fortement irradiée aussi, donc une cinquantaine de radiothérapies,
se souvient Adrienne Bonda, la mère de Suzy, au comble de joie.
Pourtant, Suzy ne présentait aucun signe extérieur de cette maladie mortelle, jusqu’au jour où elle en a été diagnostiquée.
Le diagnostic a été fait de façon fortuite, parce qu’il n’y avait pas de signe avant-coureur. Mon enfant était en parfaite santé ; elle courait, elle était débordante d’énergie et, lors d’un contrôle de confort, comme j’aime à dire, on a découvert cette masse-là et, dès le lendemain, elle a été prise en charge, et ça s’estimerait en milliers d’euros,
a confié Adrienne Bonda, rencontrée début mars par Album Social.
L’assurance sociale leur évite des dépenses faramineuses
Dans le contexte du Cameroun, son pays d’origine, Adrienne Bonda n’aurait jamais pu supporter les coûts exorbitants inhérents à la prise en charge d’une telle pathologie. Et même en France, son pays d’accueil, débloquer les montants exigés relève d’un énorme exploit. Finalement, c’est grâce à l’assurance et à la sécurité sociale que Adrienne a financé les soins de sa fille.
Heureusement que je ne payais pas de ma poche, parce que, financièrement, c’est un coût qui ne se dit pas. C’est un montant faramineux (…). J’ai eu la chance de me retrouver du côté de l’Europe, en France exactement,
se réjouit l’essayiste.
Son livre-témoignage qui s’adresse aux lecteurs de tous les horizons, est le récit non fictionnel des choses vécues dans l’environnement hospitalier de la patiente, des rapports de l’auteure avec le corps médical et l’école que fréquentait l’enfant avant et pendant sa maladie. Sans compter l’environnement familial. Mieux, c’est le récit.
à cœur ouvert de [mon] quotidien pendant le parcours de soins de [mon] enfant. ». Enfin, « La Parenthèse douloureuse
est le reflet des émotions d’une mère heureuse, fervente croyante d’obédience chrétienne, qui a cru de bout en bout au miracle. Et celui-ci a fini par s’opérer, alors que tous les espoirs semblaient vains.
Alors, il y a un soir où le médecin chargé de mon enfant, après six mois de chimiothérapie qui ne fonctionnait pas, est venu dans notre chambre nous annoncer de façon très claire que c’en était fini pour ma fille. Parce que, au bout de six mois de chimiothérapie, le fait que les métastases continuaient de se développer, montrait que l’enfant n’était pas chimio sensible, et que, dans ce cas-là, il n’y avait vraiment plus de chance de s’acharner. Donc, elle proposait plutôt un accompagnement vers la fin de la vie de ma fille. Chose que je n’ai pas entendue, parce que j’ai la foi. (…) Toute cette nuit-là, j’ai pleuré, et c’est là que la providence intervient,
souligne Adrienne Bonda.
Le protocole-miracle qui a sauvé Suzy
Le cœur saignant, la mère n’abandonne pour autant pas le combat de la foi. Elle multiplie des prières, agenouillée au chevet de sa fille. Finalement, Suzy recouvre la santé grâce à un protocole thérapeutique qui était encore en cours d’expérimentation à l’institut Gustave Roussy, où l’enfant était prise en charge. Une chance que n’ont pas eue de nombreux autres enfants souffrant de la même pathologie, et qu’Adrienne a vu référer dans le même établissement. Le Centre hospitalier est réputé être l’un des meilleurs en Europe en matière de prise en charge du cancer masse, et donc demeure une référence, précise l’auteure.
Heureusement qu’il y a des gens qui ont de l’amour de leur travail. Il y a un laborantin qui était en train de travailler sur un protocole et, cette nuit-là, la providence intervient. Parce que, je pense, et j’en suis convaincue, le seigneur l’a touché pour qu’il puisse mettre la goutte qu’il fallait dans ce protocole-là qu’il était en train de finaliser pour sauver ma fille. Parce que le même médecin, qui sort de notre chambre à 20 heures 30, la veille, revient le lendemain à 9 heures en nous disant : « il y a peut-être, pour vous, je ne veux pas vous faire de fausses joies, mais on a découvert, ce soir, en instance européenne, un protocole qui a été validé. On a envie de l’essayer sur Suzy, même si on ne vous promet rien »,
témoigne Adrienne.
Accompagnement psychologique
Au-delà de sa foi, la mère reconnaît également les bienfaits de la meilleure prise en charge psycho-sociale dont, sa fille et elle, ont bénéficié durant le cycle du traitement.
J’ai vu des gens qui prenaient la cause de mon enfant comme leur cause. Tout le personnel soignant autour de nous, on avait l’impression que Suzy était leur fille aussi. Il y avait une telle attention, un tel amour et un tel intérêt qu’on se sent porté. C’est autant de choses qui nous donnent envie d’y croire (…) Donc, on a eu un suivi psychologique, spirituel. Parce que, dans les hôpitaux, là-bas, on a des aumôneries. Donc, il y a l’aumônière qui venait assez régulièrement pour discuter avec ma fille de la foi, parce qu’elle est très pieuse, et cette épreuve lui a davantage permis de se rapprocher de sa foi, de la découvrir autrement,
raconte l’auteure.
C’est sans doute la confiance en soi découlant de ce réconfort psychologique, qui a permis à la fillette d’être classée première de sa classe à l’issue des examens, et de ne enregistrer aucun échec scolaire jusqu’ici.