Depuis le décès de son mari, chaque jour est un combat pour Nafissatou, une lutte silencieuse et continuelle.
C’était très difficile au début. J’avais peur de ne pas pouvoir m’en sortir, surtout que les enfants allaient encore à l’école, l’un au primaire et l’autre au secondaire,
se confie-t-elle.
Depuis qu’elle vend de la nourriture, elle ne connaît pas de jour de repos, pas de pause.
Je n’ai pas de repos, cette activité me prend tout mon temps. Je prépare pour vendre 7j/7,
explique-t-elle.
Ses journées commencent à 04h heures, le temps pour elle de faire le ménage. Dès l’aube, elle se rend au marché d’Etoudi, pour se procurer les meilleurs produits de sa cuisine, même quand elle ne dispose pas de suffisamment de fonds. Après le marché, Nafissa ramène ses vivres et les installe dans sa cour à ciel ouvert. Quatre fours à charbon, servent pour la cuisson des repas. La chaleur écrasante du soleil se mêle aux émanations de la cuisson. La fumée issue de la combustion n’est plus un problème pour Nafissatou. Les yeux brillants, encensés par la fumée, elle passe de foyer en foyer, pour vérifier l’état de cuisson de ses marmites. Après la préparation, direction à la gare routière d’Olembe, le lieu où elle vend de la nourriture. Elle s’y rend généralement aux alentours de 17 heures. Ses repas sont vendus entre 500 et 1 000 FCFA. Sa journée de travail s’achève à 23h, voire minuit, et le cycle recommence, même si quelquefois, Nafissatou a l’impression d’évoluer en perte.
Avec mon capital, je peux prendre de la viande, du poulet, des légumes et ça fait autour de 20 000-25 000 FCFA, comme ça. Je gagne ce que Dieu me donne, car par jour, je peux même trouver 3 000, 4 000 FCFA dépendamment de comment je vends. Il y a des jours où je vends, je ne gagne rien, et je sors encore mon argent pour compléter mon capital,
indique-t-elle.
Sacrifices
Sur la place de la gare routière au quartier Olembé, un léger sourire semble se dessiner sur le visage de Nafissatou, veuve Issa. Comme un sentiment qui cache la douleur et la fatigue qui l’étreint. Mais elle ne se plaint pas. Elle continue de donner, de se sacrifier pour assurer à ses enfants un bel avenir.
Grâce à cette activité, je me suis battue pour payer la scolarité de mon premier fils jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Mais, il s’est arrêté là parce qu’il n’y a pas l’argent pour assurer ses droits universitaires. C’est moi-même qui me bat, je les nourris, je paye la location, je paye les habits, quand ils tombent malade, c’est toujours moi qui gère cela toute seule. Ce n’est que Dieu qui me soutient et quelques membres de la famille qui m’apportent souvent du soutien,
explique-t-elle au micro d’Album Social.
« Mon souhait est que mon enfant trouve un emploi »
Dans cette activité, les difficultés sont légion :
Il y a trop de difficultés, les choses coûtent chers au marché, le transport pour venir ici est très coûteux. Je quitte Ngousso pour Olembé. C’est une très longue distance,
lance-t-elle.
Cependant, elle continue aujourd’hui sans faiblir, avec l’espoir qu’un jour, ses enfants auront la chance de mener une vie plus sereine, loin de la lutte quotidienne.
Mon souhait est que mon enfant trouve un emploi. Comme ça, il pourra aussi m’aider un peu avec ce qu’il va trouver. Actuellement, il effectue des jobs à l’agence. Il a ses diplômes classés dans les tiroirs à la maison. Il est titulaire d’un baccalauréat technique en mécanique,
indique-t-elle.
Elle ambitionne d’ouvrir un restaurant pour mettre en exergue ses compétences culinaires, si elle obtient un financement pour la circonstance.
Mon souhait, si Dieu me donne un petit capital, c’est d’ouvrir un petit restaurant dans un coin,
prie-t-elle, pleine d’espérance.