Les commerçants du marché chinois à Douala avaient à peine oublié l’incendie qui a dévasté leurs commerces, le 23 septembre 2023, qu’un autre sinistre de la même ampleur y est survenu, le 11 juin 2024. C’est donc le deuxième incendie enregistré dans l’intervalle d’à peine un an dans cet espace commercial, sis à la douche municipale, au quartier Akwa. Cette fois, les flammes ont ravagé entièrement trois boutiques dans cet espace marchand dédié principalement à la commercialisation des vêtements et des chaussures à la portée des petites bourses. Le feu a touché d’autres boutiques sans faire trop de dégâts.
Le sinistre est survenu au petit matin de mardi aux environs de 6 heures. Selon des témoins, les premières étincelles ont été signalées par un enfant de la rue qui fréquente les galeries de ce marché et y aménage sa couchette de fortune, la nuit tombée. Seulement, personne n’a accordé la moindre attention à ses alertes. Le jeune homme a quitté les lieux lorsque des volutes de fumée noire s’échappent déjà des établissements commerciaux, prenant de court les premiers commerçants arrivés de bonne heure.
Des commerçants désemparés
Mais, dépourvus d’extincteurs, ces derniers assistent impuissants à la propagation des flammes d’une boutique à l’autre. Elles sont attisées par des produits ignifuges et auront le temps de dévorer les trois boutiques et l’essentiel de leurs articles avant que n’arrivent les sapeurs-pompiers. Les soldats du feu s’activent à la maîtrise des flammes, pendant que la police matérialise le site sinistré au moyen d’un cordon de sécurité. Certains commerçants, exploitants des boutiques sinistrées, sont en larmes. Comme cette jeune femme, vendeuse en ligne, qui ne sait plus à quel saint se vouer.
J’ai passé mes commandes hier et j’ai déjà payé. Les paquets étaient même déjà prêts. Je ne sais pas ce que je vais dire à mes clients. Ni où je prendrai l’argent pour rembourser. La propriétaire de la boutique me dira d’attendre l’assurance,
affirme la commerçante.
D’autres s’efforcent de sauver ce qui peut l’être. Des sacs de chaussures et d’habits sont transportés sur la tête ou à bout de bras et sont déposés sur le trottoir, près des forces de l’ordre, pour les sécuriser. Les ressortissants chinois, eux, ont des voitures-fourgons pour transporter leurs marchandises.
Des boutiques sans équipements de prévention incendie
Le porte-parole des commerçants pointe la négligence et, en premier lieu, l’absence d’extincteurs dans les boutiques et la mauvaise qualité des installations électriques. Aussi, en appelle-t-il au sens de responsabilité des commerçants opérant dans ce marché.
Si les boutiques avaient des extincteurs, on aurait évité ce drame. Il faut sécuriser les investissements en utilisant le bon matériel, le bon câble électrique. Les gens font des investissements colossaux et personne pour y veiller,
déplore Ludovic Tchokouadeu, le porte-parole des commerçants.
Ce n’est pas le premier sinistre enregistré dans des marchés populaires à Douala et dans d’autres grandes villes du fait de la défaillance des équipements électriques ou de l’absence de dispositifs de prévention d’incendies. Ces dernières années, le marché Mboppi, le marché Central et le marché Congo, dans la capitale économique, ont été le théâtre d’incendies causés par ces manquements et ces défaillances. D’où, l’urgence pour les autorités d’agir.