Ouvert le 21 mai à la Cour d’appel du Littoral, à Douala, le procès en appel d’Eric Bekobe, l’assassin de la défunte enseignante Diane Yangwo, n’a duré que quelques minutes. La cause a été renvoyée au 18 juin prochain, le temps pour la famille de désigner un représentant légal, conformément au code de procédure pénal camerounais. Les parties devront en outre produire la liste de leurs témoins respectifs, d’après le motif de renvoi retenu par la Cour.
A l’audience de ce jour, l’affaire Yangwo Diane a été renvoyée au 18 juin pour trois raisons. La première, c’est l’extraction de son époux qui, officiellement, est encore à la prison de New-Bell, et la deuxième raison, c’est la régularisation de la qualité de sa famille, qui se présente à l’audience. Et, il y a la communication de la liste des témoins. C’est conformément à l’article 414 du Code pénal qui dit que, quatre jours avant l’audience des débats, la liste des témoins doit être communiquée au tribunal ou alors devant la juridiction,
a déclaré à la sortie de l’audience, Me Charlotte Tchakounté, le conseil de la partie civile.
L’époux assassin a plaidé coupable
La troisième raison du renvoi est donc liée à la situation administrative du sieur Éric Bekobe, déclaré coupable de coups mortels à l’issue de son procès devant le Tribunal de grande instance du Wouri (TGI), le 1er avril 2025, dans cette énième affaire de féminicide au Cameroun. Toujours incarcéré à la prison centrale de Douala, d’après la version officielle, Éric Bekobe devra donc être extrait de sa cellule, si tel est le cas, pour comparaître devant la Cour à la prochaine audience.
Le 18 novembre 2023, Diane Yangwo, une enseignante de langue anglaise au lycée bilingue de Nylon Ndogpassi, à Douala, avait rendu l’âme, après avoir subi des violences conjugales perpétrées par son conjoint Éric Bekobe. Le rapport d’autopsie rendu plus tard fera état d’une
violence physique compliquée d’hémorragie interne abdominale
ayant coûté sa vie à la jeune femme de 31 ans. Lors de l’audience du 04 mars devant le Tribunal de grande instance du Wouri, le conjoint de la défunte avait reconnu sa culpabilité. Interpellé, le mis en cause est placé en détention provisoire à la prison centrale de New-Bell.
Des organisations féministes toujours sur le qui-vive
L’audience s’ouvre devant la Cour d’appel du Littoral, alors que la famille de Diane Yangwo était désespérée suite au verdict rendu par le TGI du Wouri, le 1er avril 2025. Après seulement 16 mois de détention provisoire, le sieur Bekobe, l’époux assassin, avait été condamné à cinq ans de prison avec sursis. Une peine assortie d’une amende de 52 000 Fcfa.
Un verdict qualifié çà et là de « léger », et qui a provoqué une vague d’indignations généralisée au sein de l’opinion publique camerounaise et au-delà. Ce d’autant plus que, le mis en cause, Éric Bekobe, a reconnu sa responsabilité dans cette affaire d’assassinat. Sous l’impulsion de la docteure Antoinette Carole Grace Mbarga, militante des droits de l’homme, des organisations féministes et de défense des droits humains étaient alors montées au créneau pour exiger la démission de la juge Dany L’or Medou du TGI du Wouri. Certaines, estimant que la décision de cette dernière n’est pas de nature à dissuader d’autres potentiels auteurs de féminicides. « Une simple amende et une peine avec sursis sont une insulte aux droits fondamentaux des femmes », dénonçaient-elles dans une pétition. …
76 féminicides recensés en 2024
Avec la reprise de cette affaire, inscrite au n°18 du rôle de la Cour d’appel du Littoral du 22 mai 2025, l’espoir renaît donc, tant au sein de la famille de la défunte Diane Yangwo que chez des militants des droits de l’homme. Lesquels espèrent un verdict exemplaire de nature à dissuader les meurtriers de femmes, dans un contexte où 76 féminicides ont été recensés rien que durant l’année 2024, dont 24 crimes conjugaux, selon des organisations de défense des droits des femmes.