Mise en œuvre de la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.
C’est sous ce thème que s’est ouverte la session 2024 du Comité national pour la réadaptation et la réinsertion socio-économique des personnes handicapées (CONRHA 2024) organisée par le ministère des Affaires Sociales (Minass). Il est question pendant deux jours d’évaluer le niveau d’implémentation de la convention onusienne.
La cerise sur le gâteau pour cette année, c’est le lancement du concours de la meilleure commune inclusive. A l’issue de ce concours qui se déroule sur plusieurs phases, les communes lauréates seront primées en décembre prochain, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, commémorée chaque 3 décembre.
C’est une session à deux principales innovations. Nous avons lancé le concours de la meilleure commune inclusive. C’est une autre façon aussi d’encourager, de motiver ces communes à adhérer au processus,
a indiqué le ministre des Affaires Sociales (Minass), Pauline Irène Nguene.
La deuxième innovation de cette session est la participation des associations réunies au sein de la Coordination des associations des étudiants handicapés des universités du Cameroun (Caehucam).
Reconnaissance des droits, intégration sociale et économique et amélioration du cadre législatif institutionnel
La finalisation du processus de ratification de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées par le Cameroun en septembre 2023, induit des enjeux multiples, tant au niveau législatif que institutionnel et économique que social.
Relativement aux enjeux, il se révèle essentiellement à travers trois axes principaux. Notamment, la reconnaissance des droits, l’intégration sociale et économique et l’amélioration du cadre législatif institutionnel,
selon Ahmed Njoya, expert au Centre des Nations Unies des droits de l’Homme et de la démocratie en Afrique centrale.
En rejoignant les autres pays ayant déjà ratifié la Convention, en septembre 2023, le Cameroun a affirmé sa place devant la Communauté internationale comme un pays engagé aux principes d’égalité et de justice sociale.
Concrètement, il est question pour les pouvoirs publics de garantir l’accès à l’éducation ; à l’emploi ; aux soins de santé ; à la participation à la vie politique et sociale ; du droit de vivre de manière autonome et d’avoir accès à des infrastructures des services publics adaptés. Sur le territoire national, on note depuis plusieurs années, la création des écoles inclusives et le renforcement de la sensibilisation sur le respect et la promotion des droits de l’homme au niveau communautaire.
Urgence d’accélérer l’implémentation
Bien que des efforts soient consentis par le gouvernement, la main reste tendue.
Le Cameroun a de beaux textes relatifs à la protection des droits des personnes handicapées. La loi a été édictée depuis. Toutefois, nous notons une lenteur dans son implémentation. Il faut que les acteurs sur le terrain poussent le bouchon plus loin pour implémenter ces mesures,
indique Emile Chancelier Djomaha, président de l’Association des étudiants handicapés de l’Université de Yaoundé I (AEHY).
Pour accélérer le processus, un important investissement en ressources financières est nécessaire.
La ratification doit s’accompagner d’une mobilisation de ressources à travers le budget national, mais aussi par le biais des partenariats avec des organisations et des partenaires au développement,
indique Ahmed Njoya, expert spécialiste adjoint des droits de l’Homme, au Centre des Nations Unies des droits de l’Homme et de la démocratie en Afrique centrale.
L’expert onusien propose des pistes mélioratives, notamment : l’exploration des partenariats entre l’Etat et le secteur privé, les ONG et les partenaires au développement ; l’intensification des campagnes de sensibilisation autour de la promotion des droits des personnes handicapées ; le renforcement de la part des personnes handicapées aux processus décisionnels. Et surtout, la reconnaissance de la diversité des handicaps afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque groupe. Des mesures qui pourraient conduire à une société plus équitable et juste.
L’inclusion des personnes handicapées est progressive, nous avons foi que dans les années à venir, si l’on continue dans la même lancée, nous allons atteindre une société plus inclusive,
pense Angéline Evina Bella, présidente de la Coordination des associations des étudiants handicapés des universités du Cameroun (Caehucam).
Le Comité national pour la réadaptation et la réinsertion socio-économique des personnes handicapées (CONRHA), est un organe consultatif intersectoriel qui a pour mission de faciliter la coordination des efforts déployés par les pouvoirs publics, les organisations de la société civile et les autres personnes privées au profit des personnes handicapées, avec la participation de ces dernières. Les travaux du CONRHA 2024 vont concourir à l’établissement du rapport du Cameroun adressé à l’ONU, relatif à l’évaluation de l’implémentation des dispositions de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. Et surtout, de porter plus haut le plaidoyer pour la gouvernance moderne, la justice sociale et l’inclusion économique de la personne handicapée au Cameroun.