Depuis le lundi, 28 octobre, la brigade de gendarmerie d’Akwa-Nord, dans le 5e arrondissement de Douala, auditionne des témoins oculaires d’une soirée de mariage qui a viré au drame, dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 octobre 2024, dans un hôtel d’Akwa-Nord à Douala, au lieu-dit Sable. La gendarmerie s’intéresse notamment aux proches des deux familles unies par les liens de mariage, et aux personnes impliquées dans l’organisation de ces noces au dénouement tragique.
Les pandores s’attèlent autant que faire se peut à élucider les causes du décès de la prénommée Sorelle Manuella, épouse Kamga, la vedette pourtant à l’honneur au cours de ladite soirée, et dont le corps est placé sous scellés à la morgue de l’hôpital général de Douala, en attendant l’aboutissement de l’enquête ouverte. C’est dans cette formation hospitalière que le décès de la mariée a été constaté à 4h10, quelques minutes seulement après qu’elle y ait été admise.
Les proches de Sorelle Manuella Kamga, quant à eux, sont toujours sous le choc, après avoir vu la jeune mariée s’écrouler et mourir sous leurs yeux impuissants. Tout comme les centaines de convives ayant pris part à la soirée de gala qui clôturait la célébration du mariage de la jeune femme. Des noces qui avaient débuté la veille, vendredi 25 par la remise du prix de la fiancée (couramment appelé la dot), suivie du port de l’alliance dans la matinée du samedi 26, selon des sources proches des familles des mariés.
Sorelle Manuella abandonne un bébé âgé de moins d’un an
Alors que l’heure est au découpage du gâteau de mariage, en ces premières heures du dimanche 27 octobre, la mariée, mère de trois enfants, dont la dernière serait âgée de moins d’un an, s’avance sur le podium. Sorelle Manuella amorce ensuite l’interprétation de « Môgô Farima », l’un des titres phares et à succès de sa chanteuse préférée, qui n’est autre que l’Ivoirienne, Rosine Layo. La suite est tragique : micro en main, sous les yeux des hôtesses, du public joyeux et de son époux, qui venait de rejoindre sa femme sur le podium, à l’invitation de cette dernière, Sorelle Manuella Kamga s’écroule.
La dame se change pour pouvoir couper son gâteau. Les deux entrent. Mais, malheureusement, son mari étant assis, elle a pris le micro. Elle s’est mise à chanter, elle invite son époux maintenant sur le podium. Le monsieur monte et commence à chanter. Puis, il sort 10 000F. Deuxième billet de 10 000, puis un troisième. La femme s’écroule. On se dit non, c’est la fatigue, elle va revenir,
raconte le photographe Clovis, contacté par des confrères de radio Equinoxe
Les yeux révulsés et la bouche remplie de bave, la mariée s’évanouit. C’est dans cet état d’inconscience que Sorelle Manuella Kamga est transportée à l’hôpital Ad-Lucem, sis à peine cent mètres de l’hôtel où se célébrait le mariage.
Le médecin, après examen, a déclaré qu’elle était déjà décédée. On n’a pas cru. On a couru à l’hôpital général de Douala. Là-bas également, les médecins ont confirmé le décès », affirme, ému et sous le choc, un proche de la famille de la défunte. « En attendant, ceux qui ne pouvaient plus supporter, étant déjà à l’hôpital, ils ont plutôt appelé pour annoncer qu’elle est morte,
ajoute Clovis, le photographe du couple.
L’hypothèse d’une mort subite ?
Selon les proches des familles endeuillées, c’est depuis 2020 que Émile et Sorelle Manuella devaient se dire « oui, pour le meilleur et le pire ».
Mais la prévalence de la pandémie du Covid-19, cette année-là, avait obligé le couple à reporter leur mariage. Sorelle Manuella vivait avec son conjoint depuis sept ans, a-t-on appris. Si les spéculations vont bon train sur ce décès subit et pour le moins bouleversant, la thèse de l’arrêt cardiaque n’est pas exclue par des spécialistes et experts de la santé. Comme ce médecin cardiologue rencontré par radio Equinoxe.
Que ce soit la joie, que ce soient les émotions négatives, que ce soit le sport, toutes ces choses peuvent entraîner ce genre de situation : la mort subite. Ça peut être dû à une rythmie. Que signifie la rythmie ? Des battements cardiaques qui ne sont pas réguliers, et qui vont très vite, qui à un certain moment commencent dans le cœur. Un cœur qui peut avoir des problèmes,
explique le Dr Jacques Cabral Tantchou Tchoumi, médecin cardiologue.
Le salut de la patiente dépend alors de son état. Il est encore possible d’opérer le miracle si les changements physiologiques n’ont pas encore eu lieu. Dans ces conditions, une intervention rapide et un respect strict et rigoureux des premiers gestes qui sauvent sont nécessaires. Or, ces gestes utiles sont généralement bafoués et relégués au second plan par la foule, préoccupée plutôt par le spectacle et avide de sensationnel. Des sensations qui l’emportent sur l’urgence.