Installée, le 13 janvier 2025 à la tête de l’une des plus grandes formations médicales de seconde catégorie en Afrique centrale, le Dr Marie Solange Ndom Idjem, épouse Ebongue Manga, a une idée des défis qui l’attendent. Au plan socio-économique, sa prise de fonction survient dans un contexte d’inflation généralisée, qui affecte considérablement le portefeuille des ménages. La vie chère et la baisse du pouvoir d’achat ont compromis les chances d’accès aux soins médicaux pour le plus grand nombre de Camerounais. De nombreux patients, faute de moyens pour se soigner à l’hôpital, recourent souvent à l’automédication, s’exposant ainsi à des risques énormes.
Au-delà de sa mission régalienne de rentabilisation des services de cet hôpital par la collecte des frais de traitement auprès des patients, Marie Solange Ebongue ne devra donc surtout pas perdre de vue le nouveau crédo des professionnels de santé au Cameroun, qui n’est autre que « l’humanisation des soins ». Il va lui falloir, pour ce faire, maintenir la transformation déjà amorcée par son prédécesseur, le professeur Noël Emmanuel Essomba, qui, lui, a pris ses fonctions récemment à la tête de l’hôpital général de Yaoundé, suite à sa promotion. De plus en plus de visiteurs admettent un changement systémique dans la relation quotidienne entre le personnel soignant et les patients. Des services comme la thanatopraxie ont fait leur mue.
185 000 consultations en 2024
Ces acquis devront être consolidés dans une institution sanitaire que fréquentent chaque jour environ 5000 personnes, soit un taux de fréquentation de 80% pour un effectif de 1500 personnels, dont 130 spécialistes et 40 médecins généralistes. En 2024, cette formation hospitalière très sollicitée a enregistré 185 000 consultations. Pour tenir ce pari et respecter les engagements pris, le nouveau directeur devra s’atteler à reverser les diverses primes aux personnels et privilégier une gestion « humaine » de toute la ressource mise à disposition, ainsi que le lui prescrit le ministre de la Santé publique, le Dr Manaouda Malachie.
Des qualités qui s’inscrivent en droite ligne des objectifs de la Stratégie sectorielle de santé du Cameroun 2016-2027, tel que l’a rappelé le chef de l’Etat, le 31 décembre 2024. Il s’agit notamment, de la réduction du coût de la prise en charge des patients, la redynamisation du management hospitalier et le renforcement du plateau technique des hôpitaux avec pour corollaire la limitation des évacuations sanitaires, entre autres.
Marie Solange Ebongue a le profil requis pour la tâche. Elle qui depuis juillet 2021, cumule la casquette de chef de service cardiologie de l’hôpital Laquintinie de Douala avec celle de conseillère médicale, poste occupé depuis décembre 2020 au sein du même hôpital. Il incombait à la conseillère médicale d’informer, d’accompagner et de soutenir les patients et leur entourage, de veiller au respect des normes médicales et à l’intégration des bonnes pratiques professionnelles, garantir la continuité et la qualité des soins, entre autres tâches. En 2023, le service de cardiologie qu’elle pilotait a consulté 6 500 patients et généré 180 millions de F CFA de recettes.

Des implants péniens effectués avec succès
Le ministre Manaouda Malachie a également rappelé quelques prouesses récentes de l’hôpital Laquintinie à l’instar de la pose concluante d’implants péniens depuis septembre 2023 et celle d’un Pacemaker à un patient le 19 octobre de la même année. En outre, le membre du gouvernement a souligné l’opérationnalisation du centre d’hémodialyse ouvert depuis le 29 septembre 2023 au sein de cet établissement.
Médecin généraliste depuis 2007, le nouveau directeur de l’hôpital Laquintinie a obtenu sa spécialisation en cardiologie à l’issue de ses études à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat au Maroc. Après un passage au Centre médical d’arrondissement d’Elig-Essono, à Yaoundé – elle est née dans cette ville le 30 octobre 1980 -, Marie Solange Ebongue Manga exerce à l’hôpital Laquintinie depuis 2014, cumulativement avec ses charges d’enseignante, chargée de cours à la Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques de l’université de Douala. Elle est la première femme à occuper cette haute fonction dans cette formation hospitalière vieille de 94 ans.