Christine, 27 ans, vêtue d’une robe sombre, porte un bracelet blanc autour du poignet de la main droite. Elle vient d’être conduite, assise sur une chaise roulante, dans le pavillon où sont internés les patients sortant fraîchement du bloc opératoire situé à proximité du bâtiment de chirurgie. Sur son bracelet, il est inscrit son nom entier et son numéro. Elle est le patient nº 49. Le 49ème patient reçu dans le bloc opératoire de l’hôpital militaire de Région nº2, dans le cadre de la campagne d’opération gratuite des personnes souffrant des malformations faciales et des maladies relevant de la compétence d’un ORL en général. La campagne a débuté le 17 mars 2025. Ce vendredi 21 mars, l’on en est au quatrième jour.
Christine Deussom Deussom est partie de Bafang pour être soumise à une seconde opération chirurgicale d’un bec-de-lièvre très grave. Son visage est plat et le nez de cette jeune femme est quasi inexistant. La malformation faciale s’est manifestée alors qu’elle était âgée de trois ou quatre mois. Après une première opération qui, bien que « ce n’était mal », n’avait pas produit toute la satisfaction escomptée, la patiente a saisi l’occasion de la campagne initiée par l’ONG Noma Fund, dont l’ancien footballeur international camerounais, Joseph Antoine Bell est cofondateur, avec le concours de l’Ordre national des médecins du Cameroun.
Je suis venue ici lundi matin, on a fait les consultations, et on a demandé que je vienne faire le scanner. Après le scanner, on a programmé et on a dit que je parte à la maison. Mardi soir, on m’a appelée pour que je vienne et qu’on opère. Donc, je suis venue mercredi matin et on a opéré. C’est la deuxième opération. La première, c’était à Yaoundé. Ici maintenant, on a arrangé les lèvres. On a élargi les lèvres,
confie la jeune femme.
Coiffeuse malgré son handicap
Les paroles qu’elle prononce sont à peine compréhensibles. Pourtant, malgré les séquelles laissées par sa malformation, Christine ne cède pas au défaitisme et n’est pas non plus fataliste, puisqu’elle exerce au quotidien dans la ville de Bafang, région de l’Ouest, comme coiffeuse.
D’après l’histoire, ce n’était pas comme ça qu’on m’a accouchée. C’est peut-être à l’âge de trois mois ou quatre mois que le bouton est apparu sur mon nez, on m’a amenée à l’hôpital et ça s’est compliqué. On a fait des injections, et c’est devenu autre chose. Subitement le nez est tombé. En 2012, on a fermé le trou, parce que c’était ouvert,
raconte-t-elle.

Domiciliée à Yaoundé, Lisette Eyenga Avom, elle aussi, a parcouru de longues distances avec son fils souffrant d’une tumeur au niveau des lèvres.
Mon fils a la tumeur depuis quinze ans. Il a été opéré en 2014 à l’hôpital central et ça a repoussé. C’est ma maman qui est allée au village et a ramené l’enfant à Yaoundé. Elle a voulu opérer elle-même avec ses propres moyens, mais les docteurs lui ont proposé qu’il y a une équipe qui va venir à Douala par rapport à sa maladie,
raconte la garde-malade.
L’opération de son fils s’est déroulée gratuitement comme nombre d’autres cas référés à l’hôpital militaire.
L’action caritative de Prometal Groupe
Contrairement aux deux précédents cas, celui de la petite Ndédi, sept ans, semble relativement moins grave. La fillette est née avec une anomalie au niveau de la bouche, selon sa mère Monique Mbango Essombe Massoma, qui accompagne l’enfant. Elle est partie de Mbanga, à 65 km de Douala, dans le département du Moungo. Sa fille a été opérée depuis, le mercredi 19 mars 2025. Ce vendredi, au moment où nous nous rencontrons le Colonel médecin, Florent Dimitri Badang, spécialiste en ORL, chirurgien cervico-facial et traumatologue maxillo-facial, à hôpital militaire de Région nº2, le responsable quitte ses bureaux pour prendre part à une réunion. Non sans nous autoriser à effectuer notre reportage. La campagne qui bénéficie du soutien financier de la société Prometal, a permis la prise en charge de plusieurs dizaines de patients.