Philippe Etoundi, un homme humble au regard doux, ne laisse pas son handicap dicter sa vie. À 34 ans, il porte en lui une résilience impressionnante. Né avec un pied handicapé, il aurait pu se laisser abattre par les difficultés de la vie. Mais, il a choisi de transformer son handicap en force. Depuis quelques années, il vit grâce à un métier: la cordonnerie. Pourtant, le chemin qu’il a emprunté n’a pas été facile.
J’ai toujours eu des difficultés à me déplacer, mais je n’ai jamais voulu que cela me définisse,
confie-t-il avec un sourire qui cache un courage immense.
Depuis qu’il a perdu l’usage de son pied, Philippe Etoundi n’a eu de cesse de se battre pour subvenir à ses besoins. Après plusieurs tentatives infructueuses de trouver un emploi stable, il décide de prendre son destin en main, en se formant à la cordonnerie, un artisanat qu’il a appris de manière autodidacte.
Aujourd’hui, installé dans un petit atelier au quartier Obobogo à Yaoundé, Philippe répare chaussures, sacs et d’autres articles. Son métier, bien qu’exigeant physiquement, ne l’empêche pas de se lever chaque matin, motivé par l’idée de vivre dignement.
Cela me permet de me nourrir, d’assumer ma famille, et de m’assurer que mes enfants aient un avenir,
déclare-t-il avec une fierté palpable.
Il travaille dur, mais chaque pièce qu’il répare est le reflet de son savoir-faire et de son investissement. Son atelier n’est pas simplement un lieu de travail, c’est une symbolique de sa volonté de réussir, malgré les obstacles.
Le handicap, c’est dans la tête. C’est ce que j’essaie de transmettre aux jeunes qui viennent me voir. Si vous avez la volonté, il n’y a rien d’impossible,
explique Philippe, les mains pleines de cirage.
Il évoque souvent les jeunes du quartier, qui viennent s’inspirer de son parcours. « Ils me voient dans mon atelier, ils voient ce que je fais avec mes mains, et certains commencent à prendre la cordonnerie comme un métier.
Mais, derrière cet artisan, se cache aussi un homme qui a traversé de nombreuses épreuves. Les moqueries de son enfance, les regards curieux, et l’isolement social étaient des obstacles de taille. Pourtant, il ne s’est jamais laissé déstabiliser.
Il m’a fallu du temps pour accepter mon corps tel qu’il est, mais aujourd’hui, j’ai appris à en être fier. Cela ne m’empêche pas de vivre, et encore moins, d’aider les autres.
Philippe ne se contente pas de réparer des objets, il répare aussi des vies. Il prend du plaisir à expliquer son travail aux jeunes issus de milieux défavorisés, qui viennent parfois lui tenir compagnie. Leur prodiguant de bons conseils et les incitant à croire en leur potentiel. « Je veux leur montrer que même si la vie vous frappe, vous avez toujours une chance. Il suffit d’y croire. »
Son parcours est un exemple de dépassement de soi. En offrant à sa communauté une compétence précieuse et un modèle de persévérance, Philippe Etoundi est bien plus qu’un artisan. Il est un homme qui prouve chaque jour que le handicap n’est pas une fin, mais une nouvelle façon d’approcher la vie. Sa passion pour son métier et son désir d’aider les autres rendent son histoire touchante et inspirante.