Deux millions, c’est le nombre de personnes touchées par la bilharziose au Cameroun depuis 2010, selon les données du ministère de la Santé publique. Au regard de l’ampleur de ces chiffres, le Programme National de Lutte contre la Schistosomiase et les Helminthiases Intestinales (PNLSHI), en collaboration avec des partenaires comme Sightsavers, a lancé une campagne de sensibilisation et de déparasitage pour freiner la propagation de la bilharziose. Cette initiative, qui se déroulera entre novembre et décembre, vise à fournir des traitements antiparasitaires dans les régions les plus touchées. Pourtant, Selon les experts, même si ces campagnes apportent un soulagement temporaire, elles ne peuvent résoudre à elles seules la crise sanitaire et sociale.
Pour endiguer durablement la bilharziose, il est indispensable d’investir dans des infrastructures d’eau potable et des systèmes d’assainissement adaptés. Ces actions doivent aller de paire avec une éducation communautaire renforcée sur les comportements à risque, et un accès plus équitable aux soins de santé, en particulier dans les régions reculées. La formation de points focaux dans les dix régions du Cameroun témoigne d’une volonté de renforcer le réseau de prévention et de traitement, mais cette réponse doit être soutenue par des investissements de plus grande envergure.
Selon le ministère de la Santé publique, les enfants sont au cœur de cette crise sanitaire, car ils représentent le groupe le plus vulnérable face à la bilharziose. Pour les familles, le diagnostic d’un enfant malade entraîne des conséquences multiples : le coût des traitements, l’absence de l’enfant à l’école, et l’incapacité des parents à travailler pleinement. En raison de la contagion facilitée par des habitudes quotidiennes comme la baignade dans des cours d’eau ou le manque d’hygiène, la maladie se propage, alourdissant encore davantage le fardeau des foyers. Dans les régions les plus touchées, telles que l’Adamaoua et l’Extrême-Nord, la recrudescence des cas est sans précédent, exacerbée par l’absence de systèmes sanitaires adaptés.
La menace sur l’éducation des enfants
L’impact de la bilharziose sur la jeunesse camerounaise est profond. Les enfants affectés subissent une fatigue intense, des douleurs chroniques et des anémies, ce qui affecte leur capacité de concentration et, par conséquent, leur apprentissage. Ces symptômes privent de nombreux jeunes d’une éducation continue, compromettant ainsi leur potentiel à réussir et à s’insérer socialement. La bilharziose devient ainsi un obstacle qui va bien au-delà des soins médicaux, menaçant l’avenir scolaire et professionnel des jeunes générations dans les zones rurales.
Les écoles locales, avec des infrastructures souvent insuffisantes pour garantir des conditions d’hygiène adéquates, sont peu outillées pour prévenir cette épidémie. En effet, la lutte contre la bilharziose n’est pas uniquement une question de santé publique ; c’est un enjeu de justice sociale et de protection des droits de l’enfant. Protéger la jeunesse camerounaise, c’est investir dans l’avenir du pays. Cette crise appelle à une mobilisation collective pour offrir à chaque enfant l’opportunité de grandir sainement, d’accéder à une éducation continue et de participer pleinement au développement de sa communauté.
Alors que la bilharziose continue de freiner l’épanouissement de toute une génération, des spécialistes du domaine médical pensent que l’action nationale doit être soutenue par des initiatives internationales, afin de construire un avenir où chaque enfant camerounais aura les mêmes chances de réussir.