C’est l’exemple même de l’humanisation des soins. Au moment où les malades indigents sont de plus en plus détenus prisonniers dans certaines formations sanitaires publiques au Cameroun, l’hôpital Saint Jean de Malte de Njombé prouve qu’il est encore possible de soigner les malades au Cameroun, sans d’abord leur exiger le moindre sou. Cette formation sanitaire, selon les explications de son directeur général, le colonel français à la retraite, Michel Vautrot, a réussi néanmoins à recouvrer 71% de ses charges en 2023 par exemple. Même si elle attend toujours recouvrer 15 millions d’impayés.
Mais, cela ne l’empêche pas de présenter un bilan fort élogieux en 2023. Avec 12 000 patients hospitalisés ; 1200 accouchements réalisés ; 7000 admissions en urgence ; 30 à 35 000 consultations réalisées dont 1500 pour le paludisme ; 1200 interventions chirurgicales ; 46 000 examens en laboratoires ; 611 échographies réalisées ; 436 césariennes, etc. Des prouesses réalisées grâce à son plateau technique qui explique-t-on, est à la hauteur de celui qu’on retrouve dans les hôpitaux français. Mais surtout, grâce à la société Plantations du Haut Penja (PHP), filiale de la Compagnie fruitière de Marseille, dont la mutuelle des personnels assure 60% des soins prodigués aux malades. Mais également, cet hôpital est soutenu par l’Ordre de Malte France, où il a été reversé depuis 2016 et dont il porte le nom, après avoir été baptisé hôpital du Mont Koupé.
Environ 600 millions octroyés par le C2D
L’hôpital Saint Jean de Malte de Njombé a bénéficié d’importants investissements dans le cadre du Contrat de Désendettement-Développement (C2D) entre 2018 et 2021. Ces travaux, réceptionnés, le 2 mars 2024 par le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie et dont la presse a pu toucher du doigt lors d’un voyage de presse organisé par le C2D, 3 juin 2024, représentant un investissement global de 600 000 000 FCFA (914 400 euros), ont permis d’améliorer significativement la qualité des activités hospitalières et d’optimiser l’infrastructure de l’établissement.
le C2D nous a apporté énormément sur le plan de la prise en charge des patients. Tout d’abord, nous avons pu élaborer un laboratoire avec une banque de sang assez atypique dans la région, et qui permet de prendre en charge tous les cas des accidentés de la voie publique. Ensuite, cela a permis au service de pédiatrie d’élargir son nombre de lits d’hospitalisation, et surtout de créer in vivo un service de néonatalogie qui doit prendre en compte les grands prématurés. Nous avons ici des grands prématurés qui, dès une gestation de 32 semaines peuvent être admis à l’hôpital, dans le service du Dr Djemeni. Cela nous a également permis de rénover le bloc opératoire avec quatre salles d’interventions qui sont aujourd’hui opérationnelles. Enfin, le service d’accueil et des urgences créé ex-nihilo avec une capacité de huit lits d’accueil plus des lits d’appoint pour les enfants. Ce financement du C2D permet à l’hôpital saint Jean de Malte d’asseoir son activité sur de bonnes bases, aussi bien en infrastructure qu’en acquisition de matériel et d’équipements médicaux.
Comme l’explique Michel Vautrot, le DG de cet hôpital,
Dans un premier temps, les travaux C2D de 2018 ont porté sur : la construction et l’extension de l’internat ; la rénovation du service de réanimation et de ses annexes ; la rénovation du pôle « mère-enfant » ; la construction d’un bâtiment abritant la direction et l’administration ; la finalisation de la construction du mur d’enceinte ; le renforcement du plateau technique et des équipements biomédicaux.
Puis, de nouveaux investissements ont été réalisés de 2020 à 2021 : notamment, la construction d’un nouveau bâtiment abritant la pharmacie et le laboratoire ; l’aménagement des espaces libérés par la pharmacie et le laboratoire pour étendre les services de gynécologie, pédiatrie et médecine générale ; la rénovation de ces services, avec des aménagements pour la néonatologie ; la rénovation complète du bloc opératoire (nouveau revêtement au sol et aux murs, la réorganisation des vestiaires, la remise en état des fluides médicaux ; le réaménagement de la salle de réveil) ; la rénovation du service des urgences et création de 3 nouveaux cabinets de consultation externe
Ces travaux, conduits entre septembre 2020 et juin 2021 en deux phases successives, ont permis de moderniser en profondeur les infrastructures de l’hôpital Saint Jean de Malte et d’améliorer significativement les conditions d’accueil et de prise en charge des patients. Bref, comme le conclut Michel Vautrot, « la collaboration entre le C2D et l’hôpital Saint Jean de Malte est excellente ».
De nombreux projets en perspective
De projets dont Michel Vautrot fait l’économie.
Nous sommes actuellement en train d’élaborer le plan d’établissement hospitalier 2025-2030, et nous pensons à améliorer notre capacité d’accueil des patients. Cela passera par une amélioration de notre unité de réanimation avec l’acquisition de nouveaux matériels. Cela passera aussi par l’acquisition d’un nouveau matériel pour le service de néonatalogie. Le service de médecine interne ne doit pas être oublié, parce que nous avons des patients de plus en plus âgés que nous accompagnons jusqu’à leur fin de vie, et nous devons avoir un département dédié à ces patients qui demandent une surveillance permanente pour leurs soins.