Affluence inhabituelle, le 10 septembre 2024 au Centre hospitalier catholique Claudine Echernier à Leboudi. Et pour cause, une campagne de chirurgie pédiatrique organisée par la formation sanitaire, en partenariat avec la Fondation Recover. Quelques-uns des 3000 habitants de cette petite bourgade située non loin de Yaoundé, occupent les bancs d’attente.
Parmi eux, Agnès Micheline Ola. La mère, 35 ans environ, tient son bébé dans ses bras. Le nourrisson de 17 mois souffre d’hémangiome, une tumeur bénigne d’origine vasculaire qui se développe chez les nourrissons. La nouvelle de cette campagne arrive à point nommé pour cette mère de famille. Après une première opération manquée de 400 000 FCFA, la génitrice espère une guérison avec les chirurgiens espagnols.
Une guérison au bout de quatre heures
Un espoir entretenu au bloc opératoire pendant presque quatre heures. L’équipe de cinq professionnels de la santé conduite par le Dr Maria Fernández Ibieta de la Fondation Recover enlève la tumeur logée entre les deux yeux de la petite Angela. Pour ce faire, chacun des membres mobilisés joue son rôle. Le Dr Ibieta incise la zone infectée qu’elle a pris le soin de délimiter à l’aide d’un marqueur.
Le chirurgien utilise un bistouri électrique pour déloger la masse recouverte du tissu cicatriciel né d’une première opération, il y a 11 mois. Les médecins ne semblent pas troublés par l’odeur de chair brûlée qui se dégage lors de la rencontre entre le bistouri électrique et la peau. Ni même par le léger bruit causé par l’objet pendant l’incision.
Au contraire, les membres de l’équipe sont attentifs. La moindre réaction du bébé allongé sur la table suscite une intervention immédiate. L’anesthésiste injecte des doses légères d’anesthésie dans les veines du nourrisson à travers le cathéter posé sur son bras, lorsque ce dernier semble se réveiller. Au cours de l’intervention, le médecin positionné près de la zone d’incision éponge le sang qui s’échappe de la paroi ouverte. L’on pouvait entendre des expressions telles que « bistouri », « plaques », « compresse », « fil de suture 3.0 ». Lesquelles expressions indiquent à l’infirmière assignée, quel équipement le chirurgien en chef a besoin pour la suite de son opération.
Avec la précision chirurgicale de son bistouri, le Dr Ibieta a fait redécouvrir à Agnès le plaisir d’être mère.
Les mots me manquent. Je suis fière de ce succès, parce que mon enfant n’est pas à sa première opération. Ça ne s’était pas bien passé la première fois. A présent, je suis une maman comblée. Je remercie pour cela la Fondation qui m’a soutenue psychologiquement et financièrement, sans oublier le Dr Maria qui, de par son expertise, m’a redonné la fierté d’être la maman que je suis,
se réjouit Agnès Micheline Ola.
Un soutien pour les personnes défavorisées
La campagne qui s’est étendue sur sept jours est née du désir de la Fondation Recover de venir en aide aux personnes vulnérables.
L’année passée, j’ai vu des enfants malades ici, et je me suis dit qu’il faut s’organiser et trouver des financements pour les aider. La plupart d’entre eux n’avaient pas les moyens pour prendre en charge les cas de chirurgie. Nous avons établi un budget et mis en place un programme pour pratiquer les opérations faisables,
laisse entendre le Dr Maria Fernández Ibieta, chirurgienne généraliste pédiatre.
Une vision conforme à la politique du Centre hospitalier catholique Claudine Echernier, de se rapprocher des populations.
Cette campagne était pour nous l’occasion de faire connaître l’hôpital et ses services aux populations. Elle nous a par-dessus tout permis de venir en aide aux nécessiteux, étant donné que nous sommes en zone rurale où, les moyens financiers sont le principal frein à la prise en charge des malades,
explique le Dr Nathan Booz Nack, responsable du service des urgences et de pédiatrie de l’institution sanitaire.
Du 3 au 10 septembre 2024, une dizaine de patients ont été opéré sur les 20 prévus au départ. Hernies ombilicales, hernies inguinales, hydro sels… tous ont goûté au bistouri du Dr Maria Fernández Ibieta.