Les dépenses des ménages sont la principale source de financement du secteur de la santé, représentant 72% des dépenses courantes de santé. Ces dépenses en proportion du PIB ont plafonné à environ 4% entre 2005 et 2020, soit 61 dollars US par habitant. Cet état de fait expose les Camerounais à un risque important de catastrophe financière et d’appauvrissement, prévient-on. Dans un contexte d’insuffisance des ressources visant à soutenir les progrès vers la Couverture Santé Universelle (CSU), il est important, voire urgent d’identifier et de prioriser les actions qui peuvent conduire à la mobilisation des financements innovants, mais surtout à leur gestion efficiente pour un meilleur impact.
C’est dans cette perspective que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), tenant compte de l’importance d’une identification des actions à prendre et d’un dialogue sur les politiques fondées sur les données probantes, a institué deux évaluations. Il s’agit d’une part de l’analyse de l’efficience inter programmatique (CPEA), qui vise à identifier les inefficiences résultant du mode d’articulation des programmes de santé et des services connexes, dans le contexte du système de santé. La deuxième évaluation a porté sur la matrice des progrès en matière de financement de la santé (Health Financing Progress), qui analyse les forces et les faiblesses du système de financement de la Santé du pays.
Le processus de collecte des données, d’analyse et de validation des résultats mené conjointement par l’OMS et le Minsanté dès juillet 2023, laisse transparaître une faible capacité de financement des programmes de santé (3%); un réel problème de la gouvernance financière; la fragmentation des cycles budgétaires qui impacte significativement les performances des Districts de santé.
17 sur 19 programmes de santé existants dépendent exclusivement d’un financement externe
En outre, l’étude montre que, sur les 19 programmes de santé existants, 17 dépendent exclusivement d’un financement externe. Ces programmes prioritaires portent sur le VIH, la tuberculose, la vaccination et le paludisme. Ces derniers, disposent de cadres de planification et de budgétisation indépendants et de structures distinctes de prestation, de passation de marchés et d’établissement de rapports. Ce qui crée des doublons dans le système de santé, entraînant ainsi une perte en efficience des programmes.
Il a par conséquent été recommandé de soutenir la nouvelle politique sanitaire du Cameroun, à savoir la CSU: faire un plaidoyer de très haut niveau en vue de l’adoption des lois sur la CSU et la réforme hospitalière ; revoir la stratégie de mobilisation des financements pour soutenir les programmes; accroître l’assiette des financements de santé en mettant en place un mécanisme de financements ; identifier les actions à mettre en œuvre avec diligence. Car, indique-t-on, c’est en réaménageant la stratégie de financements de la santé que l’on pourrait accroître l’efficience du système.
En rappel, les deux études avaient pour objectif, d’identifier les domaines dans lesquels les ressources peuvent être utilisées plus efficacement, ainsi que les domaines du système de santé qui nécessitent une intervention, dans l’intention de soutenir les progrès du Cameroun vers la CSU.