Un accident de plus, un accident de trop. Un parmi tant d’autres dans un contexte où les mototaxis jouent un rôle crucial mais dangereux dans les déplacements quotidiens. Les mototaxis, appelées « bend-skin », dominent le paysage des transports urbains dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé, couvrant près de 70 % des besoins de mobilité.
Leur popularité est due à leur coût réduit et leur capacité à accéder à des zones où les infrastructures routières sont limitées. Cependant, ce mode de transport est devenu un terrain fertile pour les accidents, souvent causés par des conducteurs non formés, parfois sans permis de conduire, opérant dans des conditions précaires et en marge de la réglementation.
Les chiffres des analyses sectorielles sont alarmants. Les statistiques confirment l’ampleur du problème : 7 accidents sur 10 à Douala impliquent des mototaxis. Au niveau national, les motocyclistes représentent une proportion significative des victimes d’accidents mortels. En 2017, par exemple, 30,5 % des personnes décédées sur les routes avaient entre 18 et 24 ans, une tranche d’âge surreprésentée dans la profession. Ces accidents, en plus des pertes humaines, coûtent annuellement 174 milliards de FCFA à l’économie camerounaise, soit environ 1 % du PIB.
Entre emploi et danger
Malgré les risques, le secteur emploie des milliers de jeunes, souvent victimes de chômage. Les motos-taxis, en majorité importées à bas coût de Chine, représentent une solution économique pour ces conducteurs, mais leur prolifération s’accompagne d’une recrudescence d’accidents. La surcharge de passagers, l’excès de vitesse, et la consommation d’alcool ou de drogues aggravent une situation déjà critique.
Les campagnes de sensibilisation, bien que louables, peinent à produire des résultats durables. Pour lutter contre l’insécurité routière, une approche globale est nécessaire :
réglementation stricte, formation obligatoire des conducteurs, entretien rigoureux des véhicules, et investissement dans des infrastructures de transport public pour réduire la dépendance aux motos-taxis,
indiquent les experts.
Cet accident à Obak est un rappel poignant sur l’urgence d’agir qui dépasse les simples interventions locales. Une réforme profonde, associée à des investissements publics massifs, est essentielle pour protéger des milliers de vies et réduire l’impact économique de ces tragédies récurrentes.