Ces pachydermes, provenant principalement des réserves naturelles environnantes, notamment le parc national de Kalfou, ont provoqué un climat de méfiance dans cette partie du pays. Les cultures agricoles, sources principales de subsistance des populations, sont ravagées. Les champs de mil, de maïs, de manioc et de riz ont été détruits, aggravant l’insécurité alimentaire dans une région déjà vulnérable. Les habitations subissent également des destructions, et le 1ᵉʳ décembre 2024, une attaque a coûté la vie à un habitant, Gnomo Gonga Blaise.
Pour faire face à cette situation, le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo a pris plusieurs mesures concrètes. Une mission composée de 30 éco-gardes a été déployée dans les arrondissements de Kalfou, Moulvoudaye et Mindif. Cette équipe est chargée de surveiller les déplacements des éléphants, de refouler ces derniers hors des zones d’habitation et de sensibiliser les populations sur les risques liés à l’occupation des corridors de migration des animaux. Ces corridors, autrefois dédiés aux déplacements des pachydermes, sont aujourd’hui envahis par des activités humaines, réduisant l’espace vital des éléphants et augmentant les risques de confrontation.
En parallèle, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, a autorisé une battue administrative visant un éléphant solitaire identifié comme étant responsable des récentes attaques et destructions. Cette décision, bien qu’elle ait permis de répondre à une situation d’urgence, ne résout pas la problématique globale. Les experts en conservation soulignent que ces conflits, récurrents depuis plusieurs années, sont exacerbés par la réduction des habitats naturels et les effets des changements climatiques.
Les spécialistes recommandent plusieurs solutions pour prévenir de telles situations. Notamment, la restauration des corridors de migration des éléphants qui est essentielle pour leur permettre de se déplacer sans empiéter sur les zones habitées. Des mesures de protection des aires protégées, comme le parc national de Kalfou, doivent être renforcées, afin d’assurer que les éléphants disposent d’un habitat adéquat pour se nourrir et se reproduire. Par ailleurs, la sensibilisation des populations locales est cruciale. Les communautés doivent être informées des comportements à adopter en présence d’éléphants et des avantages d’une cohabitation harmonieuse avec la faune sauvage.
La gestion des ressources naturelles est également un facteur clé. Les experts plaident pour des investissements dans des cultures résistantes aux attaques des éléphants et dans des infrastructures adaptées, telles que des clôtures naturelles ou des répulsifs. À long terme, une coopération renforcée entre les communautés locales, les autorités gouvernementales et les partenaires internationaux sera nécessaire pour élaborer des plans de gestion intégrés visant à réduire les conflits homme-faune. Car, Jules Doret Ndongo l’a rappelé dans un communiqué du 7 janvier 2025 que l’actuel conflit avec les éléphants n’est pas nouveau.