Scène d’horreur en pleine capitale économique. Une valisette abandonnée au quartier PK 13 à Douala a provoqué la panique chez les riverains, lorsqu’une forte odeur en provenance du bagage suspect a poussé à alerter les autorités. À l’intérieur, des poumons humains encore frais, couverts de sang, selon des sources sécuritaires. La découverte glaçante a très vite déclenché une opération policière. Le propriétaire présumé de la valise, un homme dont l’identité n’a pas encore été rendue publique, a été arrêté et placé en exploitation dans une unité de gendarmerie.
Il est interrogé depuis plusieurs heures sur la provenance des organes et ses éventuelles connexions avec un réseau criminel. Dans les rues de Douala, la nouvelle a vite fait le tour. Entre stupéfaction et peur, les commentaires se multiplient.
On parle de ça depuis longtemps, mais là, c’est réel », lâche un jeune vendeur de crédits téléphoniques à PK 13.
Les premières pistes des enquêteurs laissent penser à un trafic d’organes humains. Un sujet tabou, mais bien réel. Pour certains citoyens, ce drame ne fait que confirmer les soupçons longtemps tus dans les quartiers populaires.
Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de disparitions étranges ou de cadavres mutilés. Mais comme il n’y a jamais de suite, on oublie… jusqu’à ce qu’un nouveau scandale éclate », confie Nadège, mère de deux enfants, habitante de Bépanda chez nos confrères de la presse locale.
Les chiffres mondiaux parlent d’eux-mêmes. D’après le rapport de Global Financial Integrity, le trafic d’organes à travers le monde représenterait jusqu’à 1,7 milliard de dollars par an. Une manne illégale alimentée par un déséquilibre cruel entre l’offre médicale et la demande en greffes.
Des donneurs vulnérables, des receveurs fortunés
Selon le même rapport, dans ce commerce souterrain, les plus pauvres paient le prix fort. Certains se font convaincre de vendre un rein, un foie ou un poumon. D’autres sont carrément enlevés ou assassinés, dans l’anonymat total. De l’autre côté, les receveurs sont souvent des patients fortunés, prêts à tout pour obtenir rapidement un organe compatible. Selon l’OMS, moins de 10 % des besoins mondiaux en transplantations sont couverts chaque année. Et sur tout le continent africain, seuls 35 centres pratiquent la transplantation rénale de façon officielle. Un vide que les mafias n’ont eu aucun mal à combler.
Dans le cas de Douala, c’est un simple réflexe de vigilance de la population qui a permis de déclencher l’alerte. Une odeur inhabituelle, un bagage suspect, un appel aux autorités. En quelques heures, le présumé trafiquant était sous les verrous. De nombreux habitants estiment que, cette affaire n’est qu’une face visible d’un iceberg plus profond. Le silence autour du trafic d’organes, l’absence de procès publics, le manque de statistiques nationales etc…autant de zones d’ombre qui nourrissent l’inquiétude.
Pour l’heure, l’enquête suit son cours. Les autorités promettent de remonter toute la chaîne, depuis le détenteur de la valise jusqu’aux éventuels commanditaires. Mais sur le terrain, les habitants attendent des réponses plus profondes : Qui sont les victimes ? Qui organise ce marché ? Et comment a-t-il pu prospérer dans l’impunité ? En attendant, la peur s’installe. La valise de PK 13 est devenue le symbole d’un mal silencieux, tapi dans les ruelles, dans les structures clandestines, et parfois même sous les yeux de tous.