Le Covid-19 est passé, et pourtant les masques sont toujours d’actualité à Yaoundé. Pour cause, des nuages de poussière font vie commune avec les populations. Une situation causée par la sécheresse, porteuse d’infections diverses. Bertrand est conducteur de moto au quartier Ngousso à Yaoundé. Le père de cinq enfants ne quitte pas son domicile sans consommer une boisson chaude. Cette pratique vise à limiter les risques d’infections aux maladies liées à la poussière. Tous les jours, il fait la ligne, Mobile Omnisports-Ngousso, à la recherche de son pain quotidien. Sur ce tronçon, les piétons évitent les trottoirs. Ces derniers se fraient un chemin sur les vérandas des boutiques situées en bordure de route. Les véhicules soulèvent de la poussière à leur passage. Passants, automobilistes ou encore commerçants du secteur informel, tous sont exposés aux conséquences.
Nous travaillons dans la poussière. Cela ne peut qu’affecter notre santé. Nous les conducteurs de moto par exemple, nous sommes exposés aux maladies pulmonaires, parce que nous inhalons de la poussière tous les jours lorsque nous travaillons. J’ai déjà été victime d’infection pulmonaire à cause de mon activité que j’exerce dans la poussière. Ces derniers temps, c’est beaucoup plus la grippe. Le fait que les gens crachent à tort et à travers n’arrange pas les choses,
explique le conducteur.
Des nuages de poussière à perte de vue
Situation similaire au lieu-dit, Descente Carrière à Béatitude, un quartier situé non loin de Leboudi dans le département de la Lékié, arrondissement d’Okola. Une carrière exploitée par les Chinois est située dans les environs. Plusieurs dizaines de camions y sortent tous les jours. Leur passage laisse d’importants nuages de poussière derrière. Les arbres et les toitures des maisons aux alentours sont recouverts de poussière. Tous les matins, femmes et jeunes filles, couvertes de la tête aux pieds à l’aide d’un foulard, sortent de leurs domiciles. Seules parties visibles, les yeux et les mains. Objectif de la manœuvre, éviter au maximum de contracter ce que ces derniers appellent à tort ou à raison « les maladies de la saison ». Les hommes, eux, se contentent d’un masque.
Le seul moment de répit des habitants de cette partie de la ville se résume aux séances d’arrosage de cette voie tristement célèbre pour de multiples accidents. Cette période est de courte durée. Le passage d’une dizaine de véhicules suffit pour redonner vie à la poussière.
La poussière n’est pas une bonne chose pour nous. Elle nous met face à beaucoup d’intempéries. Lorsque nous consommons les aliments sur lesquels la poussière se dépose en bordure de route, nous développons certaines maladies. J’ai passé près de deux semaines à la maison à cause d’un paludisme qui a commencé avec la toux. Vraiment… poussière et santé ne peuvent pas cohabiter,
lance Germaine Lisette Mintounou, habitante du quartier.
Le pari de la prévention
Les enfants n’échappent pas à cette réalité. Bon nombre sont admis dans des formations hospitalières pour des problèmes respiratoires. Au CHRE d’Ebolowa, près de 90% des enfants qui vont en consultation se plaignent de conjonctivite, des yeux qui sont rouge, du nez qui coule, de la toux, entre autres. Même si la prévention est difficile, elle reste tout de même possible.
Les problèmes que nous rencontrons fréquemment en saison sèche sont surtout les infections respiratoires. Elles peuvent êtres hautes ou basses : conjonctivites, etc., le taux de consultation liée à ces problèmes a augmenté […] La prévention n’est pas évidente, parce qu’on ne va pas empêcher l’enfant d’aller jouer. Toutefois, il est important d’adopter une bonne hygiène nasale : se laver le nez régulièrement, passer le maximum de temps possible à la maison,
confie le Dr Leslie Bilo’o, pédiatre au CHRE d’Ebolowa.