Un geste solidaire face à des besoins criards dans le département du Mbéré, où les soins de santé demeurent hors de portée pour bon nombre d’habitants. Une initiative salutaire vient d’être lancée. Baptisée Lesdimèdèn (notre terre), cette campagne médicale gratuite est le fruit de la mobilisation des élites locales, pilotée par le Dr Ousmane Diaby, chef de Division des études et des projets au Minsanté.
Son objectif est clair : permettre aux populations démunies, souvent isolées et sans ressources, de bénéficier de soins médicaux de qualité. À ce jour, les quatre sites mis en place ont déjà permis de consulter plus de 4 000 patients.
Le Mbéré : un vaste territoire, des soins difficiles d’accès
Situé dans la région de l’Adamaoua, le département du Mbéré couvre une superficie de 14 262 km², soit un quart de la région et 3,5 % du territoire national. Malgré une population de plus de 518 000 habitants dont 61 000 réfugiés centrafricains, le territoire ne compte que 54 formations sanitaires (46 publiques, 5 privées et 3 confessionnelles) selon le média Echos santé.
Avec un ratio de 96 000 habitants par formation sanitaire, l’accès aux soins demeure une véritable épreuve, surtout dans les zones rurales où les habitants parcourent de longues distances pour consulter un médecin. Les districts de Djohong et de Meiganga, principaux bénéficiaires de la campagne, illustrent parfaitement ces difficultés.
Des pathologies fréquentes et des besoins urgents
Le Dr Kom, chef du district de Meiganga, tire la sonnette d’alarme sur la situation sanitaire préoccupante du département. Le paludisme est première cause de mortalité (55 %), touchant gravement les enfants de moins de 5 ans (46 % des décès dans cette tranche d’âge), suivi par la malnutrition avec plus de 40 nouvelles admissions en 2024. Pendant que plus de 2 000 cas les infections respiratoires aiguës ont été recensés cette année. L’on comptabilise également, des affections chirurgicales, avec 170 cas de cataractes, 325 de hernies et d’hydrocèles, ainsi que 8 cas de fistules obstétricales.
Face à cette réalité, la campagne Lesdimèdèn a déjà permis de réaliser 1 000 consultations générales ; 100 opérations des hernies et hydrocèles ; 100 chirurgies de la cataracte ; 300 consultations ophtalmologiques ; 150 consultations en odontostomatologie et 17 enfants non vaccinés rattrapés au BCG.
Cette initiative répond à un besoin vital pour des populations qui, sans cela, resteraient sans solution face à leurs problèmes de santé,
a souligné le Dr Kom lors du lancement officiel du projet.
Épidémies : une vigilance permanente nécessaire
Outre les maladies courantes, le département fait face à des épidémies récurrentes. En 2024, la rougeole a contraint les autorités sanitaires à déclencher une riposte locale. L’année précédente, le district de Meiganga avait été secoué par une épidémie de fièvre jaune, causant un décès confirmé. Ces épisodes rappellent l’importance de renforcer la surveillance épidémiologique.
La Couverture Santé Universelle : un espoir durable ?
Bien que la première phase de la Couverture Santé Universelle (CSU) affiche un taux d’enrôlement de 106 % dans le département, l’accès effectif aux soins reste difficile pour les plus pauvres. Lesdimèdèn vient donc combler ce fossé en apportant des solutions immédiates à des besoins urgents. Cependant, les défis demeurent nombreux. Pour le ministre Manouda Malachie,
il est essentiel de maintenir cet élan de solidarité, afin que personne ne soit laissé pour compte,
a-t-il souligné.