Le diabète fait partie des quatre principales maladies non transmissibles qui causent le plus grand nombre de décès prématuré et d’invalidité au Cameroun. Obésité, sédentarité, insécurité alimentaire, mais aussi sous-diagnostic ont favorisé l’expansion de cette maladie chronique, coûteuse pour les patients et leurs familles qui supportent généralement seuls les coûts de traitement au Cameroun, compte tenu de l’insuffisance ou l’absence d’un système d’assurance maladie.
Depuis que je suis diabétique, je vois plusieurs personnes mourir de diabète, faute de moyens pour se faire soigner. Le traitement du diabète est couteux. Je donne raison à ceux qui disaient que le diabète, c’est la maladie des blancs et des riches, parce que si tu n’as pas l’argent, tu vas seulement mourir,
confie Antoinette, malade.
Le diabète est en effet un tueur silencieux. C’est une maladie généralement qui ne fait pas mal, elle vous ronge jusqu’au jour où les complications arrivent. Le traitement du diabète impose d’avoir un régime alimentaire sain et de pratiquer une activité physique, ainsi que de réduire la glycémie et les autres facteurs de risque de lésion des vaisseaux sanguins. L’arrêt de la consommation du tabac est également important pour éviter les complications.
Autant de difficultés que rencontrent les malades de diabète. « Parmi les difficultés que nous malades avons, je peux citer l’alimentation, il faut savoir quoi manger et quand le manger. La deuxième difficulté, c’est le médicament. Aujourd’hui au Cameroun, nous prenons encore la Metformine qui est une vielle molécule que nos parents prenaient également, et c’est ça qu’on nous sert encore. Il y a aussi le problème de l’insuline, qui est devenu cher et rare, pourtant, il y a des malades qui doivent prendre des injections matin, midi et soir » décrie Pierre malade.
Avec le temps, le diabète peut endommager le cœur, les vaisseaux sanguins, les yeux, les reins et les nerfs. Il multiplie par 2 ou 3, le risque chez l’adulte de souffrir d’accidents cardiaques ou vasculaires cérébraux. Associée à une diminution du débit sanguin, la neuropathie qui touche les pieds augmente la probabilité d’apparition d’ulcères des pieds, d’infection, et au bout du compte, d’amputation des membres. 2,6% de la cécité dans le monde peut être attribuée au diabète. Cette maladie figure aussi parmi les principales causes d’insuffisance rénale.
La riposte gouvernementale
Les données officielles ont évolué sur la maladie. Selon le ministère de la Santé publique, en 2023, 112 enfants sont décédés des suites de diabète au Cameroun. Des données qui rappellent la montée du taux de prévalence chez les jeunes de plus en plus touchés par la maladie. 2,5 millions de personnes sont diabétiques au Cameroun, soit environ 8% de taux de prévalence. Un chiffre qui ne donne pas une idée précise de l’ampleur de la maladie. Car près de 80% des personnes au Cameroun ne connaissent pas leur statut diabétique.
Dans son bilan du 14 novembre 2023 (journée mondiale du diabète), le Minsanté comptait à son actif, 11 cliniques spécialisées dans la prise en charge du diabète, 664 personnels formés à cette prise en charge, plus de 1000 enfants enrôlés dans ces cliniques, parmi lesquels, 718 encore suivis et 137 sortis du projet à l’âge de 21 ans.
En plus de ces cliniques spécialisées qui renseignent sur les efforts mise en œuvre par le gouvernement pour la lutte contre cette maladie, il faut souligner le dépistage et la prise en charge du diabète sont intégrés dans le panier de soins de santé primaires. Des dotations sont également faites aux formations sanitaires en termes d’équipements de diagnostic de base et des glucomètres assortis de bandelettes. Ce sont là quelques réalisations phares du gouvernement dans la lutte contre cette maladie.
Il est fortement recommandé d’accentuer la communication dès l’école, ce qui permet d’atteindre les parents pour faire de la prévention et du dépistage systématique. Le pire ennemi de la santé est l’ignorance. C’est une maladie très handicapante et qui dure toute la vie. Il est donc important de démocratiser l’accès à l’insuline, et plus largement, toute information médicale. Les défis restent énormes, notamment la lutte contre les facteurs de risques modifiables (inactivité physique qui favorise le surpoids et l’obésité, la consommation abusive de l’alcool et le régime alimentaire malsain), afin de réduire considérablement la mortalité prématurée et l’invalidité liées au diabète.