Certes, en matière d’accès à l’eau au Cameroun, l’Unicef note nette une amélioration. Selon la Stratégie Nationale de Développement (SND 30), la population ayant accès à l’eau est passée de 45,3% en 2007 à environ 70% aujourd’hui. Mais la situation est très contrastée et beaucoup moins favorable en milieu rural, où moins de la moitié des ménages ont accès à l’eau potable contre 8 ménages sur 10 en milieu urbain. Pire encore, constate l’Unicef, la qualité de l’eau disponible n’est pas au rendez-vous, et une eau polluée aggrave l’exposition aux maladies diarrhéiques, et par conséquent à la malnutrition. En outre, seuls 4 % des Camerounais ont accès à des installations sanitaires de base, avec un écart important entre les zones urbaines (58 %) et les zones rurales (22 %). La moitié des écoles seulement ont accès à l’eau potable, et 30 % disposent d’installations sanitaires adéquates.
L’Unicef fait également le constat que dans des régions comme le Nord et l’Extrême Nord, les pénuries d’eau sont de plus en plus fréquentes et sévères du fait du changement climatique. Ainsi, dans la région du lac Tchad, le manque d’eau est la source de conflits et de déplacements de population et menace la sécurité alimentaire des populations et, de fait, la nutrition des enfants, avec des taux de malnutrition aiguë préoccupants dans les régions de l’Extrême-Nord (8,0 %) et de l’Adamawa (6,6 %).
Aussi, indique l’Unicef, le manque d’eau et de services d’assainissement couplé aux impacts du changement climatique qui se traduisent par des pénuries mais aussi des inondations plus sévères, ont pour conséquence une augmentation de maladies comme le choléra et le paludisme. Au cours des 40 dernières années, 2023 a été la deuxième année la plus touchée par le choléra, avec un total de 21 255 cas et 508 décès signalés au 14 décembre 2023. Le nombre de personnes déplacées par les inondations, en particulier dans l’Extrême-Nord, augmente. Les fortes pluies et les inondations survenues entre août et novembre 2023 dans l’Extrême-Nord et au Tchad ont touché plus de 10 000 personnes et entraîné le déplacement d’environ 2 300 personnes, dont 1 200 ont fui le Tchad pour se réfugier au Cameroun. Environ 38 écoles et six centres de santé ont été endommagés.
L’urgence d’investir en faveur de l’accès à l’eau potable
Face à cette situation et fort de son rôle de leader au sein du système des Nations unies, et en lien avec les Jeunes Voix du Sahel (JVS)2 et l’association the World We Want (3W), l’Unicef a lancé, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau 2024, un appel à tous les acteurs, publics, institutionnels et privés pour accélérer, de toute urgence, l’accès aux services durables d’eau et d’assainissement pour tous au Cameroun, par des investissements durables.
L’Unicef, rappelle-t-on, soutient le plaidoyer des jeunes activistes du climat acteurs du changement, qui réclament une place à la table pour discuter des actions et des investissements. « Trop peu d’investissements sont dirigés vers des réponses élaborées par et pour les enfants et les jeunes », a déclaré Nadine Perrault, Représentante de l’Unicef au Cameroun. En effet, au niveau global, seuls 4% des investissements pour contrer le changement climatique sont orientés vers les enfants, et à peine 2% des enfants et des jeunes participent à l’élaboration des projets. « Nous devons remettre en question nos façons de travailler face à ces défis et offrir des solutions qui favorisent la résilience des communautés et des jeunes. Nous le faisons, à l’Unicef, en association avec les jeunes activistes qui connaissent mieux que personne les réalités auxquelles sont confrontées leur communauté, et qui sont engagés dans des actions d’adaptation et de gestion responsable de l’eau », poursuit Nadine Perrault.
En 2023, rappelle l’Unicef, l’approvisionnement en eau potable et l’accès à des installations et fournitures sanitaires appropriées a été une priorité absolue pour l’Unicef et ses partenaires qui ont fourni une assistance aux personnes déplacées et rapatriées et à leurs communautés d’accueil, ainsi qu’à d’autres personnes touchées par les conflits armés, les catastrophes naturelles et les épidémies. Mais le manque de ressources financières a limité l’action.
Agence chef de file du groupe WASH au Cameroun, l’Unicef assure la fourniture de services WASH au niveau des communautés, des écoles et des établissements de santé. L’Unicef apporte également ses connaissances en matière de préparation et de réponse aux situations d’urgence, de soutien au renforcement des systèmes et de plaidoyer national et mondial en faveur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.