36 ans d’existence, la mission est la même. Le Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun (CJARC) donne du sourire aux déficients visuels sur l’ensemble du territoire depuis 1988. L’association devenue Organisation à but non lucratif est née de l’initiative de deux déficients visuels : Coco Bertin Mowa et Martin Luther Amahata. Tous les matins, plus de 400 apprenants et personnes à besoins spéciaux prennent le chemin du quartier Ekié à Yaoundé. Ces derniers bénéficient de l’expérience des encadreurs dans des salles de classes et ateliers aménagés pour la circonstance.
Le 4 mars 2024, à l’atelier de perlage, de couture et de customisation, l’heure est à la mise en pratique des connaissances. Une dizaine d’apprenants s’y exercent dans la couture et la fabrication des pots et sacs pour femmes. Les sacs exposés sur la table sont les œuvres de Kévine Kuété, une jeune fille non voyante d’environ 20 ans. Des réalisations qui lui permettent de gagner de l’argent. « J’ai pris deux semaines pour fabriquer ce sac à base de perles. J’achète la matière première au marché Mokolo. Je choisis ces perles en fonction du résultat que je veux obtenir. Pour ce sac par exemple, j’ai utilisé les perles cubiques noires numéro 0,35 cm. Je le vends à 10 000 F », explique la jeune dame.
CJARC mise sur les nouvelles technologies
L’institution initie les jeunes aux technologies de l’information et de la communication. Pour ce faire, elle a mis à la disposition des apprenants, un Centre multimédia. La dizaine d’ordinateurs et divers autres équipements installés servent à la formation. Dans un coin de la salle, une fille d’à peine 10 ans apprend à utiliser le logiciel de traitement de texte Word. Elle écoute attentivement les explications de son encadreur, puis passe à l’application. Pour l’enseignant, apprendre aux enfants dès le bas âge à manier l’outil informatique est nécessaire pour leur future insertion socio-professionnelle.
L’un des fondateurs de ce lieu de formation des jeunes, Coco Bertin Mowa, se réjouit des fruits de l’initiative. A ce jour, les produits issus du CJARC sont présents dans les administrations, aussi bien publiques que privées, ou encore qui travaillent à leur compte. « Pour nous, c’est très encourageant. Cette expérience nous a donné l’idée de mettre en place un institut de formation professionnel inclusif, le tout premier au Cameroun. Cet institut permettra aux bénéficiaires des formations offertes d’être opérationnels après un an », se projette le co-fondateur du CJARC.
Des difficultés dans sa mission
Pour mener à bien la mission qu’il s’est donnée, le Club a entrepris la construction de quatre salles de classe. Un projet rendu possible grâce à un financement japonais. Toutefois, les ambitions du CJARC restent confrontées aux difficultés de divers ordres. De l’encadrement de ses pensionnaires aux difficultés d’ordre financier et logistiques, elles sont nombreuses.
« Certains parents viennent avec les enfants et ne s’acquittent pas des frais de scolarité. Nous sommes obligés dans ce cas de trouver des voies et moyens pour les encadrer. Nous avons également des difficultés à acquérir le matériel didactique nécessaire à l’encadrement de ces enfants. Vu le nombre de personnes que nous accueillons, nous manquons d’espace. Pour y remédier, il faut construire de nouveaux bâtiments, et c’est à ce niveau que se pose le problème de financement », argue Martin Luther Amahata, cofondateur du CJARC. Les ambitions du Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun sont donc claires. Il ne reste plus que les moyens pour mettre le train sur les rails.