Les chiffres sont ahurissants. Selon des études réalisées par l’organisation Country Reports dans la région du Nord, cette pratique touche 100% des filles musulmanes et 63,6% des filles chrétiennes. Pour le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), en charge des questions de santé sexuelle et reproductive, si rien n’est fait, 68 millions de filles risquent d’être victimes de cette pratique. Une étude récente estime que 2 millions supplémentaires d’entre elles pourraient avoir été exposées à cette pratique à cause de la Covid-19.
Des chiffres qui ne laissent pas indifférente l’Union pour la Recherche et le Leadership Féminin (URLF). Elle qui, dans le cadre de la journée mondiale de la lutte contre les mutilations génitales féminines, a organisé du 20 au 23 mars 2023, au quartier briqueterie à Yaoundé, une campagne de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et d’éducation à l’hygiène et la santé menstruelle de la jeune fille. Avec pour cibles, la communauté musulmane du quartier Briqueterie à Yaoundé ; les jeunes filles victimes des mutilations génitales ; les jeunes filles des lycées de l’arrondissement de Yaoundé II ; les chefs des communautés religieuses chrétiennes et musulmanes ; les autorités administratives, législatives et éducatives de la commune d’arrondissement de Yaoundé ii.
Pour l’URLF, il s’agira de donner aux femmes victimes de cette pratique, la possibilité de s’exprimer sur le sujet, afin de briser son caractère tabou ; conseiller la nouvelle génération à se protéger mutuellement face à ce phénomène qui leur enlève tout droit à l’épanouissement et qui les condamne à des douleurs à vie ; sensibiliser les différents acteurs communautaires sur les conséquences néfastes de ces pratiques. Et enfin, édifier la jeune fille sur la pratique d’une bonne hygiène corporelle et menstruelle.
A travers des causeries éducatives dans des établissements secondaires de la place, et au sein des communautés, adossées sur une campagne de distribution des serviettes hygiéniques aux jeunes filles, l’URLF entend éradiquer ce phénomène, du moins au niveau de la zone d’action ciblée.
Comme l’explique Edwige Leuko, vice-présidente chargée des programmes et coopérations à l’URLF, « …il s’agira d’outiller les jeunes filles en particulier et la jeunesse en général, sur les mutilations génitales. Nous allons cibler les zones à forte concentration de jeunesse ».
Merci d’aborder le sujet ! Contribution artistique à votre article : plasticienne engagée, j’ai réalisé des oeuvres sur le sujet des femmes et des violences. Notamment une série intitulée « Infibulation », que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes. Le dialogue fut incroyable avec des élèves qui découvraient cette pratique barbare.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/blog-page.html
Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html
Quand l’art permet de parler directement des violences et d’ouvrir le débat.